Avr 162008
 

Siwa, Le musée (c) Yves Traynard 2008

Jour de repos. J’avais exhumé avant de partir le récit de voyage de William George Browne un anglais parti d’Alexandrie pour Siwa le 24 février 1792 et rentré le 2 avril de la même année. Il fit une description de l’oasis d’autant plus intéressante qu’il s’agit de la première que nous possédions d’un Européen de la période moderne. A la recherche de quelque chose de grandiose, il visita des ruines du temple d’Amon sans faire le rapprochement avec la Siwa d’Alexandre. Il faudra peu attendre 1798 pour que l’Allemand Frederick Homemann identifie le temple avec celui de l’oracle d’Amon. Ce qui amène WG Browne à préciser a la publication de son ouvrage : « Depuis que j’ai écrit ce qu’on vient de lire, on m’a fait part d’une opinion nouvelle c’est que Siwa est le siropum de Ptolémée et que l’édifice dont j’ai vu les ruines, étoit aussi ancien que le temple de Jupiter-Ammon, dont il dépendoit. Cependant la découverte de ce temple célèbre n’a pas encore été faite elle sera le prix de quelque hardi voyageur ou elle échappera, aux recherches des curieux. Oui, les ruines du temple de Jupiter-Ammon peuvent encore exister pendant bien des siècles, et rester inconnues aux arabes qui traversent la vaste étendue du Désert. Peut-être même sont-elles entièrement ensevelies sous les sables; mais il est difficile de le croire. »
Je donnais une copie électronique de l’ouvrage au conservateur de la maison de Siwa que nous le lûmes intégralement sur l’écran de son ordinateur. La préoccupation de mon hôte était toute entière à la société siwie de la fin du XVIIIe s. Siwi lui-même et descendant d’une noble famille de cheikh, l’égyptologie n’était légitimement pas sa tasse de thé première. A ce titre la description de Siwa de Browne, permettait de mesurer la distance qui la sépare d’une approche touristique. Quoique courte, non seulement elle ne développait pas une vision romantique de ruines, de temps alangui ou de plaisir zen d’un village hors du temps ou « écologique » avec ses bains ressourçant comme nous le ferions aujourd’hui mais d’agriculture, de commerce, de structures politiques et religieuses. Cà paraît trivial, mais il est bon de temps en temps de rappeler que le tourisme est une invention culturelle contemporaine.
Par contre, point commun avec bien des blogs de touriste, dans le récit on percevait déjà la position centrale du narrateur, héros de son voyage, évoquant sans cesse des dangers, qui – à lire entre les lignes – paraissent fort exagérés.


(*) Ch. II. Siwa. William George Browne, Travels in Africa, Egypt, and Syria, from the year 1792 to 1798. Londres, 1799. Version numérique en ligne. Disponible sur le moteur de recherche de la BNF. Edition française chez Dentu, 1800, également en ligne sur le site de la BNF.