Avr 132008
 

Siwa, fumigation (c) Yves Traynard 2008Ecrire. Travail solitaire. Et pourtant au fil des pages un dialogue se noue entre sa propre pensée, son écrit, un lecteur encore imaginaire et la réflexion des autres. Poser des garde-fous. Se concentrer sur son sujet, ne pas se laisser envahir, déborder par d’autres problématiques que l’on croise, fascinantes. Vertige de la connaissance, puits sans fond. Ne pas fermer la porte non plus aux idées nouvelles, contradictoires. Garder le sens des réalités, ne pas se laisser porter par le verbe. Se former à des sujets nouveaux. Avant de décrypter un chiffre appréhender la définition de l’indicateur, les limites de ce qu’il quantifie, sa source. D’une citation situer la pensée de l’auteur, s’imprégner de ses travaux, voyager de référence en référence. Nouvelles idées, vacillement, doute, rebondissements !
Non l’écriture n’est pas un long fleuve tranquelle tracé sur la page blanche d’un écran d’ordinateur dont les touches du clavier s’animeraient comme un piano mécanique. « C’est une somme de micro-décisions » comme le disait Pierre Bourdieu, qui doivent former cohérence de sens et contribuer à une thèse plausible ou du moins défendable, argumentée. Indispensable isolement de l’auteur.
Parfois la matière brute manque. Une assertion nouvelle semble se dessiner. Une intuition portée par un souvenir, une lecture. Comment la vérifier ? Pas de preuve, pas d’enquête, pas de chiffre, juste un pressentiment. Noter d’y revenir, plus tard, d’enquêter, de compléter l’énoncé sur ce point. Et puis, tout ne peut être vérifié, il faut émettre des hypothèses, prendre des exemples, décrire leurs limites mais aussi en quoi ils sont pertinents. Faire appel au jugement, à l’expérience du lecteur. Après tout il ne s’agit que d’un essai au propre comme au figuré. Laisser reposer le temps d’une maturation.
Et puis le style. Fil conducteur, entre séduction et rigueur, clarification et démonstration. Epargner au lecteur redondances et fatigues, susciter son intérêt, soutenir sa curiosité.
La chaleur monte à l’approche de l’été. Si les matins sont frais, les après-midi sont torrides. Je me terre derrière les persiennes en attendant l’heure du bain dans les piscines naturelles de l’oasis. Ces derniers jours le khamsin, vent de sable venu du désert s’est calmé. La nuit tombée on respire à nouveau, on aère, on s’aère, mais les moustiques rôdent. La ville à entrepris de s’en débarrasser en de grandes séances de fumigation lustrale.