Avr 152008
 

Re-écouté le Cultures d’Islam sur Siwa(*) où Abdel Wahab Medeb – qui donne toujours le sentiment de mieux maîtriser son sujet que son invité – recevait Alain Blottières. Son livre L’oasis(**) est la chronique de plusieurs voyages réalisés avant cette année 1992 qui marque la mise en service d’une route reliant Siwa et annonce selon Blottières la disparition d’un monde. Vision sans doute un peu exagérée. Les Siwis ne constituent pas une tribu amazonienne isolée qui se réveille un matin du XXe s. Entre Alexandre et Moubarak, il y a eu de nombreux échanges commerciaux, culturels, religieux avec les villes et les empires voisins. Et même si la région a conservé son autonomie politique jusqu’en 1926, elle a néanmoins été largement au contact de l’islam auquel adhère sa population. Ses relations avec les Senoussi de Libye sont anciennes. Oui Siwa affronte la modernité. Les signes les plus visibles – voiture, moto, habitat, constructions, tourisme – peuvent faire grincer des dents. Faut-il là encore stigmatiser ? De quel droit ? Elle a l’air de s’en sortir plutôt bien. Prends son temps. Se tient éloigné de la rumeur du monde tout en bénéficiant de progrès en matière d’éducation, de santé, d’eau… Qui voudrait encore habiter dans des maisons de torchis sous des toits de paille, sans électricité ni eau courante ? Qui hormis quelques éco-touristes de passage ?


(*) Cultures d’Islam, « Siwa, l’oasis ultime ». France-Culture. 1er août 2003. Par Abdelwahab Meddeb ; chargé de réalisation : Olivier Coppin.
(**) Alain Blottières, L’oasis. Petite bibliothèque Payot. 1992. Traduction anglaise, disponible à la librairie du village.