Fév 102009
 
Le regard porté sur l’Afrique est plus meurtrier que ce qui s’y passe réellement.
Kofi Yamgnane.

Hier soir, j’ai assisté à la projection du court métrage de Mohammed al-Roumi, « Voyage au bout du monde« (*) diffusé dans le cadre intime des projections de Culture-Aventure(**). J’étais content qu’il soit diffusé car j’ai fait le constat que, dans ces cercles de voyageurs (ABM, Culture-Aventure….) comme sur nos télés, le regard sur le monde est presque exclusivement porté de l’extérieur. Pour faire bref, sur les chaînes françaises le reporter est toujours français ; dans les festivals de voyageurs celui qui parle du pays visité est le touriste de passage. Il est très exceptionnel que soit mis en avant un regard intérieur. Il me semble fondamental que s’opère un retournement au moins partiel, une confrontation, un dialogue des regards, que soit donné aussi au monde la possibilité de voir un pays à travers les yeux de ceux qui y vivent. Certes la sensibilité, les formes d’expression exigent une plus grande attention pour être appréciées car les codes culturels et esthétiques peuvent être éloignés de ceux auxquels le public est habitué. Mais ce simple effort est déjà une richesse et des documents, comme celui de Mohammed al-Roumi, ont beaucoup à nous apprendre pour enrichir notre appréhension du monde, pour dépasser nos visions stéréotypées, superficielles, pour mieux approcher les multiples facettes de la réalité.
Un seul exemple. L’amour maternel tel qu’il transparaît dans « Voyage au bout du monde » est une dimension de la famille syrienne qu’occultera un voyageur ou un reporter français.
Dans un monde désormais en perpétuelle interaction la connaissance du point de vue de l’autre est une condition de bonne fluidité et de justesse des échanges.


(*) Culture Aventure, reprise des projections du lundi le 2 mars.
(**) Voyage au bout du monde pour voir le film en ligne.