Fév 092009
 
Paris, Musée Guimet, Rez-de-chaussée (c) Yves Traynard 2009Las de potasser des ouvrages savants en vue de mon séjour pékinois j’ai décidé de m’initier à l’histoire du monde chinois au musée Guimet(*). Une approche moins austère qui n’a rien d’originale. C’est celle qu’emprunte en voyage un guide avec ses touristes : raconter les civilisations en utilisant des preuves tangibles, ruines, monuments ou vestiges archéologiques.
Les musées sont ainsi devenus experts en géopolitique du passé. Leurs collections se déclinent chronologiquement en styles et écoles intimement solidaires des territoires et des pouvoirs qui les ont alimentées. Préséance des savoirs sur le sensible : d’abord la géographie, puis l’histoire et enfin l’art. Au point qu’on peine à imaginer des présentations alternatives et que le Guimet a cru bon de distiller les chefs-d’œuvre de sa dernière exposition consacrée au bouddhisme chinois au sein des espaces permanents(**).
Paris, Musée Guimet, Cloche à manche, IXe-VIIIe s. av J.-C. (c) Yves Traynard 2009Sûr que la Chine, avec son immense histoire bien documentée, ses royaumes et longues dynasties est un bonheur pour un conservateur rigoureux. C’est un des plus anciens foyers de peuplement (un million d’années) converti à l’agriculture et la domestication pratiquement à la même période que le Proche-Orient (8000 av. J.-C.) et dont certains legs primitifs ont la particularité d’être en jade.
Le musée propose quelques exemples de sinogrammes primitifs guère mis en valeur : coupe tétrapode XVIe-XIVe s. av J.-C., verseuse tripode XIe s., cloches en bronze IX-VIIIe s. Même avec seulement trois mois d’apprentissage de chinois la ressemblance avec l’écriture contemporaine est tout de même patente.
Autre permanence remarquable, celle du féodalisme. L’unité politique d’un espace chinois qui se constitue progressivement sur ce modèle et perdurera jusqu’en 1911 est située à la fin du 3e s. av. J.-C. avec la fondation de l’empire Qin, trois siècles après les enseignements de Confucius. Des Qin aux Qing (1644-1911) les espaces du musée Guimet égrènent les trésors des plus fameuses dynasties de l’Empire chinois, Han, Liao, Tang (618-907), Song, Yuan et Ming (1368-1644) où l’on situe généralement l’âge d’or chinois peu avare en porcelaine y compris pour l’exportation !
Paris, Musée Guimet, Cavalier européen, première moitié du XVIIIe s., pièce destinée à l'exportation (c) Yves Traynard 2009De Chine j’ai fait une escapade de deux heures en Thaïlande le temps d’apprécier le génie cinématographique du jeune réalisateur Songyos Sugmakanan(***). Un récit initiatique universel peuplé de fantômes bien asiatiques eux.

(*) Musée Guimet. Histoire de la Chine sur Wikipédia.
(**) à moins qu’il n’y ait d’autres préoccupations liées à la géopolitique contemporaine pour cette expo intitulée Trésors de Dunhuang – Mille ans d’art bouddhique – Vème- XVème siècles.
(***) Le pensionnat (Dek hor). Fiction de Songyos Sugmakanan, 2007, 1h50’.
En plein milieu de l’année scolaire, Ton, 12 ans, élève en 5e, est envoyé par son père dans un pensionnat. A son arrivée, le garçon se sent bien seul au milieu des nouveaux élèves et face à ses nouveaux professeurs. En guise de cadeau de bienvenue, certains camarades lui font peur avec des histoires de fantômes. Mais Ton sympathise avec Wichien, un garçon du même âge, et commence à s’habituer à sa nouvelle école. Pourtant, il ne parvient pas à pardonner à son père de l’avoir envoyé là. Prix Cannes Junior, Ours de cristal au Festival de Berlin 2007.Paris, Musée Guimet,Chameau et son chamelier - milieu du VIIes (c) Yves Traynard 2009