Mar 232007
 

Nous voyageons au passé. Tout nous y pousse, la qualité et l’entretien du patrimoine, les infrastructures touristiques, les guides… Nous voyageons d’un site historique à l’autre selon des parcours balisés. Nous ne quittons jamais les centre-villes jusqu’au paradoxe. En quittant la région visitée, on saura situer les dynasties, les styles architecturaux, mais nous serons incapables de citer une réforme économique récente, d’expliquer comment on vit dans les campagnes ou dans les banlieues qui rassemblent la majorité des habitants… Des populations dont on est venu à la rencontre ont gardera en tête qu’un folklore, bien souvent périmé. Nous repartirons avec les mêmes idées caricaturales qu’en arrivant, pire, légitimées par le voyage.
Les thèmes qui font le présent, les formes de l’économie, la société civile, l’environnement, le développement, l’information, les migrations, les couches sociales, le logement… bref toutes les mutations contemporaines ne sont pas du voyage. Le tourisme est pourtant la seule opportunité de confrontation réelle avec les pays visités. L’instant où le filtre de l’actualité et des médias (TV, presse, livres…) s’estompe. A l’heure où le monde se rétrécit, où se développent les liens d’interdépendance entre hommes, activités humaines et systèmes politiques à l’échelle du globe, n’est-ce pas le moment de développer une autre curiosité en voyage ? Les citoyens du monde que nous sommes, voyageurs comme hôtes, n’ont-ils pas une responsabilité de connaissance avant de se prononcer sur des choix d’avenir ?
Voilà en quelques lignes l’idée-force de ma réflexion qui orientera les termes de référence de mon prochain voyage consacré à l’évaluation de ces questions. Car le chemin est long de l’idée à des réalisations concrètes et je ne souhaite pas agir sans réflexion préalable sérieuse.