Mar 152007
 

Au SMT une table ronde conduite au pas de course proposait un état des lieux des tendances du tourisme 2007. Trois révolutions seraient en marche.

  1. La prise de pouvoir du client face à l’explosion de l’offre.
    Le touriste veut désormais composer son voyage à la carte, créer des séjours qui lui ressemblent. De consommateur passif il devient acteur. Il est de plus en plus exigeant. Les modes de consommation ont changé, le voyage doit désormais concilier les attentes de chaque membre de la famille (papa à la plongée, maman au spa, le cadet aux musiques locales, …) Pour expliquer ces tendances, Guillaume Demuth, sociologue, met en avant le développement des micro-comportements, de l’auto-pilotage de facettes d’une personnalité multiple ainsi que d’une baisse des statuts (autorité…)
  2. La modification des comportements liée au web 2.0
    Grâce aux blogs, aux journaux citoyens (agoravox par ex.) le client s’exprime sur la qualité des prestations. Le candidat au voyage scrute ces nouveaux médias qui jouent le rôle du bouche à oreille d’autrefois mais avec une efficacité décuplée. Cette société de la recommandation peut tourner au dénigrement. Conscients des dangers, les agents du tourisme mettent en place des cellules de veille pour savoir ce que l’on dit d’eux sur la toile.
    Le web 2.0 modifie aussi la commercialisation. Un business model différent apparaît. Chacun peut désormais faire la publicité de ses produits à coût de distribution quasi nul sur le Web d’autant que le modèle de la longue traîne (long trail) montre la quasi absence d’invendus sur le web. Les hôtels peuvent très bien se passer des agents de voyage dans une relation directe au client. Par la création de contenu, le Web 2.0 permet d’envisager de nouveaux supports pour les guides, les cartes par exemple. Autant de challenges pour les institutionnels !
  3. La montée en puissance du tourisme responsable.
    Les formes de tourisme solidaire, écologique, éthique, durable… bien que concernant encore peu d’opérateurs (ça reste un tourisme de niche) est un point de passage obligé à terme. Une thèse développée par le président d’Ecotours. L’écotourisme est une réponse aux nuisances du tourisme, première industrie de la planète (12% du PIB), génératrice de 200 millions d’emplois dans le monde. Parmi les travers il cite, l’abandon de l’agriculture au profit d’emplois salariés et d’un artisanat de série, la mendicité, la pollution, la déculturation, la prostitution, le travail des enfants, le tarissement de l’eau potable, la défiguration des littorals…
    Avec le creusement de l’inégalité Nord-Sud on constate que l’argent du tourisme de masse ne bénéficie pas à l’économie locale. Le tourisme solidaire a plus de trente ans derrière lui. Après une phase de militantisme (des séjours en forme de coup de main humanitaire) le tourisme alternatif s’est sont structurées au sein de l’ATES par exemple. Il se veut levier du développement local en permettant aux populations de vivre dignement dans l’esprit du commerce équitable. Son mot d’ordre aujourd’hui est de mettre la rencontre au centre du voyage. Le budget standard d’un séjour pour un voyagiste solidaire se répartit ainsi :
    · 3 à 7 % alimente un fonds de développement,
    · 30% du prix total est dépensé dans le pays (éco-construction, nourriture, main d’oeuvre…),
    · 50% pour le transport aérien
    · le solde rémunère l’agent de voyage.

Le salon illustrait largement l’écart entre ce discours et les offres des opérateurs. Les accroches (« l’Afrique authentique », « Partez à la rencontre des peuples ») tant des voyagistes que des offices nationaux masquaient mal le fossé qui reste à combler pour parvenir à un véritable tourisme solidaire.