Mar 172007
 

Paris, Beaubourg, Cinéma du réel (c) Yves Traynard 2007Depuis hier minuit mon contrat de travail scellé en 1991 est officiellement moribond. Je suis donc libre comme l’air. Quoi de mieux pour fêter l’évènement qu’un salon dédié à l’espace, au temps et à la rencontre ? Fort de cette liberté nouvelle dès midi j’arpentais les allées du premier Festival Culture-Aventure(*). Un anti-salon du tourisme très modeste par et pour des voyageurs adeptes d’un autre voyage. Une appellation qui mérite précisions tant elle est galvaudée. On la définira par son rejet du tourisme de masse, sa durée non conventionnelle, son refus d’une certaine marchandisation, la place accordée à la rencontre et à une relative aventure. On pourrait être critique envers ce mode de tourisme qui se prend parfois pour l’élite du voyage quand il s’érige en donneur de leçons. Mais ne boudons pas trop vite notre plaisir.
Parmi les participants j’ai eu le bonheur de retrouver Paule et Arthur(**) un couple cyclotouriste rencontré à Amman en 1996 qui le moins que l’on puisse dire ont fait leur chemin. Les artisans voyageurs ont depuis traversé l’Afrique toujours à vélo, créé une maison d’édition, un festival, produit des films, tout en gardant fraîcheur, spontanéité et générosité.
Rencontré aussi de jeunes étudiantes très motivées de la fondation Zellidja qui offre des bourses sur des projets de voyage à thème (étude sur le commerce équitable en Thaïlande par ex.)
Longuement discuté sur un échange scolaire entre une école de Ménilmontant et une de l’Aïr nigérien. Ce que ces regards croisés ont pu apporter aux uns et aux autres (cf. film). Ainsi qu’une expérience assez proche avec des adolescents d’un foyer partis en Mongolie.
Étaient présents également (parmi d’autres) : l’association Servas qui réunit hôtes et voyageurs, la librairie le Phénix de très bon conseil pour préparer un voyage en Chine, Patrick le concepteur de Let’s talk un ingénieux T-shirt pour favoriser les contacts en voyage, et plein d’autres interlocuteurs pour mûrir mon concept de voyage au présent.
La deuxième partie de la journée fut consacrée au festival Cinéma du réel qui se tient toujours au Centre Pompidou. L’envers du décor c’est la violence du monde. Celle faite aux enfants des villages colombiens écartelés entre guérilleros, paramilitaires et armée(**), celle que reçoivent les prostituées du Cambodge(***). Des films qui suggèrent sans jamais montrer et dont la force réside dans la patience et le talent des réalisateurs qui n’ont peur de passer de long mois avec leurs « acteurs » pour que leur parole se libère, sans voix off, sans caméra caché. Bravo.


(*) Festival Culture – Aventure. 1ère édition. 17 et 18 mars 2007. Espérons qu’A.B.M. qui propose un festival du 21 au 23 septembre 2007 à l’Opéra de Massy n’en prenne pas ombrage.
(**) ABC Colombia, Enrica Colusso, Italie/France, 88 min, 2006
(***) Le Papier ne peut pas envelopper la braise (Paper Cannot Wrap up Embers), Rithy Panh, réalisateur de S21, France, 86’, 2006