Mar 072007
 

«Les Arméniens ont contribué d’une façon essentielle au développement de toutes les branches des arts et métiers dans l’empire ottoman». Ainsi débute l’exposition de l’IMA consacrée aux photographes arméniens(*)(**). Le génocide a bien involontairement amplifié cette contribution. Les Sarrafian par exemple fuient la Turquie et se replient sur Beyrouth avant de devenir les photographes d’Alep.
Mais l’histoire de la photographie arménienne c’est bien plus qu’une histoire de famille, c’est l’histoire de la photo tout court. Pourquoi on photographie, comment passe-t-on de l’artisanat à l’art ?
Une lecture chronologique explique les succès de la chambre noire depuis deux siècles. Lorsque en 1858 les frères Abdullah ouvrent à Péra le premier studio photographique c’est d’abord le Sultan qui est l’objet de toutes les attentions. Image des puissants dans l’exercice du pouvoir. Après le Sultan, et les grands actes de son règne, c’est le tour des grandes familles de se montrer. En se démocratisant l’image glisse progressivement du puissant au manant. Entre temps la photographie popularise acteurs et chanteurs (étonnants sosies et portraits d’Angelo et de son frère Van Léo : Samia Gamal, Omar Sharif, Dalida et Farid el-atrache) et informe de l’autre dans son ailleurs (scènes de genre, « types », cartes postales). La création – illustrée ici par le travail de Katia Boyadjian dans les années 90 (Egypte, argentique NB peint à l’huile) – s’affirme bien plus tard par l’abandon de la vocation utilitaire de la photographie.


(*) 19 février – 1er avril 2007. Institut du Monde Arabe. 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Place Mohammed V. 75005 Paris. Dans le cadre de l’Année de l’Arménie en France. Dossier de presse très complet.
(**) Au passage aurait-on écrit pareil éloge concernant les Juifs dans le même institut ?