Avr 042011
 


Également capitale impériale, Kaifeng moins encore que Luoyang, n’a à proposer au visiteur féru de monuments d’époque. Au fil des siècles, les crues du fleuve jaune ont gommé les traces d’un pouvoir évanoui il y a près de mille ans. Il ne reste plus guère que la pagode de Fer et celle située près de la gare pour témoigner de la magnificence de la cour des Song du Nord. Les remparts qui ceignent la ville comme les vastes lacs qu’on imagine très prisés en été font plutôt carton-pâte. Seule la puissance politique contemporaine pouvait, à force de re-création, inventer assez de « spots » pour que le visiteur passe au moins une nuit sur place, but ultime de toute ville qui veut faire son beurre sur le tourisme.
En Chine aussi, les sites touristiques sont devenus experts pour vous faire dépenser vos yuans. Une technique de choix, c’est l’esplanade piétonne interminable, pastiche de la rue chinoise à l’ancienne, bordée de dizaines de boutiques.
Seule voie d’accès au monument, elle est incontournable, au propre comme au figuré. A Longmen, elle fait près d’un kilomètre. Même principe au mausolée de Xi’an, au temple de Shaolin. La Mainstreet USA de Disneyland a fait des émules !
A l’occasion de Qingming, Kaifeng a même lancé un festival avec la participation de la télé nationale CCTV 1. Résultat : tous les hôtels affichent complet, même la toute nouvelle auberge inaugurée il y a moins d’une semaine(*).
A ce propos, aujourd’hui, je suis devenu « VRP » de l’Hostel de Dengfeng ! Je distribue son stock de flyers publicitaires et posters aux hôtels du pays, enfin ceux où je logerai les prochains mois, c’est juste un service rendu pour la joyeuse hospitalité reçue à Dengfeng(**). Chaque auberge met en effet à disposition des voyageurs, des petits dépliants qui, outre de donner les plans et coordonnées des hôtels de la prochaine étape, fournissent en traduction chinoise les précieuses indications à présenter au chauffeur de taxi. On pourrait même en faire collection, tant les Hostel – affiliés ou non à la Fédération des auberges de jeunesse chinoises – se développent vite. De jeunes anglo-saxons ont investi ce créneau où ils savent s’adresser mieux que les Chinois à la sensibilité occidentale, tout en se reposant sur le personnel local pour sa redoutable efficacité et sa connaissance de la clientèle, qui demeure chinoise pour l’essentiel. Ce réseau de Youth Hostel qui s’adresse à tous les âges et à toutes les exigences de confort, du dortoir à la chambre couple, sont incontournables pour le voyageur individuel étranger en Chine, les hôtels moyens n’étant pas anglophones.


Ce qui frappe le plus dans la vieille ville de Kaifeng c’est la visibilité des musulmans hui. Un restaurant sur deux est halal, restaurant en salle ou ambulant d’ailleurs. C’est peut-être l’empreinte la plus marquante de la dynastie Song.


Dans ce même quartier hui, on montre aussi l’emplacement d’une vieille synagogue. Des cyclotouristes – a défaut d’être sinophiles – avaient rédigé un excellent reportage sur cette communauté(***). Loin de leur berceau, pour se répandre, islam et judaïsme ont emprunté les voies du commerce et non celles des armées.


Pour compléter ce tableau des religions où cohabitent paisiblement taoïsme, bouddhisme, judaïsme, islam, on notera la présence d’une vaste église début 20e qui a toujours elle aussi ses adeptes.
Du bouddhisme porté par des moines indiens au christianisme en passant par l’islam, l’histoire révèle une toute autre image de la Chine, que l’on décrit encore souvent irréductiblement fermée derrière sa grande muraille, imperméable à toute influence extérieure.


(*) Kaifeng International Youth Hostel, 30 Ying Bin Road, ☎ 0378-3153789. A ouvert le 1er avril 2011. Juste au nord du lac Baogong, à l’intersection avec Dazhifang Jie.
(**) Trajet Dengfeng–>Kaifeng : bus à 8h de la gare routière régionale. 34¥. 3h. Attention : le bus de 8h vous pose en banlieue ouest de Kaifeng. De cette dépose, le bus 27, légèrement au sud, rejoint la porte sud de la vieille ville. En taxi : compter 20¥.
(***) A retrouver sur le blog : Portrait of a LBX.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Kaifeng ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2011/04/kaifeng/>

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