Avr 242011
 

 Dingzhou (定州) se situe au 3e rang administratif des villes chinoises en tant que district, derrière la ville-préfecture (Baoding, 保定) et la capitale provinciale (Shijiazhuang, 石家庄). A l’échelon inférieur, on trouve le canton, puis la commune. Cette maille de chef-lieu de territoire (县, xian), à laquelle appartient également Anguo (安国) se « civilise » à vive allure(*). Le tracé des voies est clairement établi, en général au cordeau, à l’américaine, avec pour coeur la ville historique. Le long de ces grands axes à quatre voies, avec contre-allées cyclables et larges trottoirs, ont a rasé ce qui existait (fermes, usines, habitations) pour laisser place à des immeubles d’habitation de huit à vingt étages, plutôt coquets et colorés, en lotissements homogènes. En attendant l’achèvement des travaux de ces complexes immobiliers d’une dizaine de tours, on invite les acheteurs potentiels à de rendre à l’appartement-témoin, somptueux bloc de verre posé à quelques mètres des baraques de chantier. Des espaces verts avec plans d’eau sont également dessinés pour rendre la vie plus agréable et faire grimper le prix du m².


Portés par ce qui ressemble fort à une bulle immobilière qui inquiète jusqu’aux sommets de l’Etat, les besoins en logement restent néanmoins immenses au regard du rythme de l’exode rurale et de la démographie. L’accession à la propriété est une aspiration forte parmi les Chinois. Même chers, il n’y en aura pas pour tout le monde.

Le niveau de vie y est moins élevé qu’à Baoding, mais le luxe plus chiche. Ainsi, le classique café & pâtisserie qui revient à 24¥ à Baoding, se négocie 11¥ à Dingzhou. Mais la qualité n’est pas au rendez-vous : le café est un soluble, la génoise une pâle imitation des douceurs de l’Honey Pool. Mais c’est tout ce que vous trouverez au district. Les grandes enseignes ne tarderont pas à investir ces villes de troisième rang. Sur l’avenue Zhongshan, l’unique KFC trône déjà en bonne place et semble marquer, triomphe de la modernité, le nouveau centre-ville. L’enseigne côtoie les griffes chinoises : Yearcon, Gomz, 361o, Semir, déjà bien implantées. Si le rickshow n’a pas (encore) disparu, il est en rude concurrence avec de vrais taxis.

Peu de personnalité se dégage de la ville. On sent juste la présence toute proche de la campagne. Comme à Anguo, un parc assez réussi, au vue de sa fréquentation, a été aménagé, avec bassin d’eau claire, pédalos rondouillards, voitures électriques pour enfants. Dans la rue, le laowai que je suis provoque parfois la surprise, lorsqu’un Chinois se retourne et le découvre se tenant dans son dos. Frisson garanti, cette présence est tellement improbable ! Mais pas d’animosité. Les plus jeunes viennent, timides, tester gentiment leurs rudiments d’anglais. Me voyant un peu perdu devant tous ces chantiers, un monsieur très aimable m’a accompagné jusqu’à la pagode qui marque un peu le centre de la vieille ville. La tour millénaire, est une énième ‘first’ pagode de Chine (dans ce pays, le Guiness Book est en embuscade). Celle-ci détiendrait le titre de la plus haute pagode historique en brique(**). La vue sur la ville mérite amplement l’ascension, à défaut de pouvoir admirer les fresques saccagées durant la Révolution culturelle, malgré les soins apportés aujourd’hui à l’édifice.
La ville possède également une porte (sud) impressionnante à trois enceintes et fossé, une mosquée à la chinoise à la cour délicieuse, quelques temples dédiés au Tao et à Confucius pour faire bonne mesure et une église carrelée où l’on fêtait la résurrection du Christ, en blanc et en chanson, en ce dimanche de Pâques. Alleluia !


 (*) Baoding-Anguo, en bus, depuis la gare routière. 18¥. Une heure par l’autoroute. Bus confortable avec film un peu bruyant. 1h. Dernier retour vers 17h30.
(**) Pagode du temple de Kaiyuan. 40 ¥, accès au sommet de la pagode compris. Bus de ville no 8 ou 2 depuis la gare ferroviaire ou routière. L’esplanade étant en chantier contourner la pagode par le sud-ouest. Infos : http://www.chinaculture.org/library/2008-02/15/content_34434.htm