Avr 222011
 


Bien décidé à trouver des documents de première main pour enrichir l’article Baoding de Wikipédia, j’ai passé une après-midi tranquille à la librairie Xinhua de la ville nouvelle, sorte de Fnac locale. J’ai feuilleté abondance de livres en chinois dont je ne comprends pas le traite mot, dans l’indifférence totale, les librairies jouant le rôle de bibliothèque annexe en Chine. Une déambulation juste pour le plaisir, celui de parcourir des yeux les tables de nouveautés, de manipuler des livres au dos impeccable, pas encore rudoyés par le lecteur avide de dénouement ; plaisir de vivre la sérendipité, de parcourir les étages et les étagères, d’imaginer le sujet d’un ouvrage, d’après sa couverture, les quelques caractères familiers du sommaire, les illustrations ; plaisir d’imaginer une romance qui débuterait sous un kiosque, au pied d’un bassin rempli de lotus, avant de se poursuivre dans la moiteur d’une rue de Canton, et se conclure tragiquement dans un mall de Shanghai.
Comme toutes les librairies chinoises, le bookstore Xinhua dispose d’un grand rayon calligraphie, aussi vaste que celui consacré au dessin et à la peinture et un demi-étage aux langues étrangères où l’anglais triomphe. Beaucoup de classiques occidentaux sont disponibles en traduction (essayez de trouver les classiques chinois dans une Fnac de province…), un rayon politique rempli de beaux ouvrages rouges, mais pas un seul livre d’histoire ou de tourisme sur cette ville d’un million d’habitants malgré l’aide du personnel désœuvré ! Je rentre bredouille, mais comblé par ce voyage au royaume des livres.


Pour rejoindre au campus, au hasard d’un bus, sérendipité quand tu nous tiens, j’ai croisé le vaste cimetière des Martyrs de Baoding, probablement ceux de la guerre sino-japonaise, aux tombes noires, fleuries de plantes artificielles criardes. Le cimetière est précédé d’un vaste parc très animé, où se côtoient toutes les générations de Baodinois.

Rien ne se perd, rien ne se crée. Les Chinois ont inventé le tri sélectif bien avant nous. Face au cimetière, se tiennent les ‘grossistes’ de ce commerce de chiffonniers. D’improbables vélos y livrent des monceaux de cartons récupérés patiemment à mains d’hommes et de femmes à travers la ville. Le papier de futurs livres ?