Je m’offre un sursis avant Singapour. Une pause sur la route d’Amed à Denpasar, à Padangbai histoire de me baigner une ultime fois dans cette mer du Sud qui hésite entre océans Indien et Pacifique. Un dernier bain juste avant de prendre l’avion pour Singapour sans être stressé par l’aléa du transport. Padangbai est en effet mieux desservie qu’Amed car c’est l’embarcadère pour Lombok. On y trouve deux plages agréables mais assez dangereuses et un peu plus de vie qu’à Amed qui étire ses resorts et spa sur une vingtaine de kilomètres. Trop, beaucoup trop, la plupart tournent à vide faute de clientèle ; qu’est-ce que ce doit être à la saison morte ! «Need room, transport, massage… ?», l’offre et la demande. Qui peut maintenir de tels investissements avec un ROI aussi faible voire négatif à l’exception des centres de plongée ? La nature y est belle c’est à dire fournie, accidentée, d’apparence sauvage – d’apparence seulement car la forêt primaire est détruite depuis longtemps là où le volcan lui a laissé une chance, pour faire place à des plantations de palmiers, de girofles, à des rizières en terrasse. Aujourd’hui je profite d’un café internet pour publier une semaine de ce journal. Que serais-je sans mon Palm, fidèle brouillon et mémoire de mes jours même avec un stylet de fortune – celui du questionnaire satisfaction client de la tour Menara de Kuala Lumpur depuis que j’ai égaré l’original ? Car impossible de trouver le moindre accessoire Palm dans toute la région. Bravo Microsoft. Tout est Pocket PC ici et généralement couplé au téléphone. Ce qui est sans doute une excellente option à condition de disposer d’un écran suffisamment confortable pour permettre de lire une quinzaine de lignes en un clin d’oeil. Une option à creuser depuis la sortie de l’I-phone. Je suis surpris que si peu de voyageurs soient équipés de PDA. C’est une excellente alternative au laptop encombrant lourd et fragile ou aux heures de café internet avec la gymnastique des claviers sans accent. Mon Palm fait un tabac auprès des back-packers qui sollicitent une démonstration. Surtout enveloppé dans sa nouvelle coque métallique excessivement robuste. Question d’image sans doute. Le marketing n’aime pas le mélange des genres. Les messages ne doivent pas souffrir de confusion. Un PDA est un objet professionnel pas de loisir même si les fonctions GPS ont boosté les ventes auprès d’une clientèle familiale.
Je loge à l’hôtel Segaran II(*) à cinq minute des ferries, face au Babylon Reggae Bar. Exodus, I’wanna love you, Don’t worry… Pourquoi cette foutue musique rasta survit-elle partout dans le monde, alors que d’autres courants musicaux sont depuis longtemps moribonds(*) ? Voilà un thème du présent. This is my message to you, you, you… pour aujourd’hui et demain matin c’est Get up, Stand up… où ai-je mis mes bouchons auditifs ?
(*) Hotel Pondok Wisata Segaran II. Padangbai. Ch. 4. Tout neuf à recommander aux inconditionnels du reggae. 7 €, bientôt 6 € si le dollar continue à s’effondrer. 1,37 pour un euro aujourd’hui, c’est le moment ou jamais de voyager hors de la zone euro !
(**) Hard rock, punk par exemple.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Padangbai ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2007/07/padangbai/>