Oct 172005
 

Tombouctou, minaret de la mosquée Djingareiber (c) Yves TRAYNARD - 2000Trois de nos collègues se sont joints le temps de ce lundi aux musulmans qui pratiquent le carême en ce mois de Ramadan. L’occasion pour eux d’échanger en toute simplicité et loin de tout prosélytisme avec des pratiquants venus d’aires régionales et culturelles différentes. Une bonne introduction aussi aux missions qui les attendent dont beaucoup se dérouleront en terre d’Islam.
Paradoxalement, la journée de ce mois lunaire qui porte le nom de Ramadan, est calée sur le rythme du soleil. Lever à 5h20, petit-déjeuner copieux avec les moyens du bord (lait, café, pain, cake, corn-flakes…) puis début du jeûne un quart d’heure avant (imsek) la prière de l’aube (fajr) soit une heure environ avant le lever du soleil. La deuxième sourate du Coran édicte les règles de ce jeûne. La journée se déroule en abstinence complète de nourriture, de boisson, de relation sexuelle. L’exercice du bien, la charité, le rejet des mauvaises pensées et le pardon sont prescrits plus que jamais dans ce temps fort de l’année musulmane. La rupture du jeûne intervient au coucher du soleil (iftar) soit vers 19 h en ce mois d’octobre et sous nos latitudes. C’est l’heure où chacun se rassemble en famille et où les interdits sont levés. Autour de la grande table de la salle à manger de Plaisians, chacun raconte les particularités culinaires propres à ce mois de Ramadan. La bouillie de mil de l’Afrique subsaharienne, la chorba du Maghreb, les beignets pakistanais que l’on déguste à Dubaï… et les mille desserts sont autant de traditions qui illustrent la vocation universelle de l’Islam.
C’est tout naturellement en terre d’Islam justement que Peggy Pascal, qui anime le bureau de Kaboul du groupe URD, nous présente en début de matinée deux expériences de développement agricole. La première me ramène à Tombouctou, la deuxième au sud Maroc à l’oasis de Tata. Dans les deux cas, Peggy démontre la nécessité de l’approche pluridisciplinaire dans le diagnostic des situations. Toute tentative de plaquer des schémas pré-définis de développement sans compréhension du milieu sont voués à l’échec. Dans sa pratique, Peggy, fait appel autant à la mémoire des anciens du village qu’à des relevés pluviométriques, aux facteurs politiques qu’à l’agronomie. Ca peut paraître trivial, mais il ne semble pas que bailleurs et ONG mus par le souci de visibilité immédiate soient très conscients de ces enjeux qui fondent pourtant la durabilité du développement.
Je suis étonné que son expérience afghane pose plus question aux étudiants que son expérience africaine. Serions-nous déjà biaisés par l’actualité ? Le mythe humanitaire afghan est-il donc si fort ?
L’après-midi, le docteur Claire Pirotte très enjouée, nous briefe sur la santé et le stress en mission. Pleins de conseils d’une praticienne qui a côtoyé les grandes ONG de l’urgence et vient de monter un master humanitaire à l’Université de Chambéry.
Un grand barbecue clos la soirée sous une pleine lune qui signale que le mois de Ramadan est à sa moitié. A 700 m d’altitude les nuits commencent à fraîchir.