Oct 032005
 

Voilà une longue journée estudiantine. J’avoue qu’à vingt heures je commençais à avoir des fourmis dans les jambes sur les sièges rustiques de l’amphi.
La journée en tout cas fut riche. François nous a organisé une visite guidée de l’humanitaire : ONG de l’urgence, du développement, des droits de l’homme, de l’environnement, bailleurs de fonds publics, privés, nationaux, internationaux, bloc onusien et européen, structures de coordination, d’interface, de recherche, de services, entreprises, lobbies, organismes de normalisation et de régulation, c’est bien une galaxie peuplée de constellations qu’il nous a dessinée. Après cet exercice cartographique nous avons emprunté la machine à remonter le temps : ère de la Charité, fondation de la Croix-Rouge par Henry Dunant(*), Conventions de Genève, créations de la SDN, d’OXFAM, de l’ONU, du HCR, de l’UNICEF, conflits du Vietnam, famine au Biafra et naissance de MSF, Afghanistan, Ethiopie, programme européen Echo, Rwanda, Tsunami… il y a peu de soubresauts de notre planète qui n’aient marqué l’histoire balbutiante de l’humanitaire.
Chemin faisant Hama, rebondissant sur une remarque à la tournure cynique, posa une question fondamentale et qui venant d’un Africain prenait tout son relief. « Comment un pays démocratique comme la France, où la population est généreuse et acquise aux principes de liberté, autorise-t-il son gouvernement à soutenir les Etats les plus totalitaires ? ».

A 18h, Pierre Chalvidan prend le relais de François pour un premier cours de Culture-Ethique qui est matière nous dit-il incontournable de toute formation de cadres. Il cite en introduction Emmanuel Mounier :

« [L’éducation] a mission d’éveiller des personnes capables de vivre et de s’engager comme personnes. »

avant de dérouler scrupuleusement et avec une grande clarté le plan distribué. Comprendre son époque c’est appréhender le passé, le présent, le futur. Sa voix forte martèle : « On est toujours rattrapé par ce que l’on fuit », « le plus grand danger aujourd’hui c’est le conformisme social », « lorsque la jeunesse s’endort, la société va mal », et de citer Edgar Morin « l’ignorance des grands problèmes conduit à la nullité intellectuelle ».
Il enchaîne sur la nécessité de prendre soin de l’espace public, mère de la liberté selon Hanna Arendt, avant de définir la responsabilité comme l' »exercice de la liberté soucieuse de l’autre » et donc comme exercice de choix… et pour choisir entre le bien et le mal il faut « avoir un Nord ». « L’éthique c’est la question de la boussole et du Nord » lâche-t-il avant de terminer sur d’autres définitions de Ricoeur, de Thomas d’Aquin, de Kant. Nos trois heures de cours lumineuses s’achevaient.
A l’issue des trois séances magistrales dans le grand amphi « orange » nous aurons à animer par groupe de dix et dès février un des quatre séminaires suivant :

  • peut-on espérer au XXIème siècle réconcilier économie et humanisme ?
  • la société du XXIème siècle est-elle condamnée à être une société de consommation et de marché ?
  • comment, au XXIème siècle, réhabiliter la politique ?
  • quel humanisme ? selon la formule prêtée à André Malraux, peut-on dire que le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ?

Difficile de choisir parmi des thèmes passionnants et qui promettent de beaux débats.

Si les dates du séminaire de Plaisians (12 au 19 octobre) sont enfin arrêtées le programme de la semaine reste mystérieux : conduite de 4×4, apprentissage du code radio (Papa Tango Charlie…), balades, présentation de Cap solidarité,…


—-
(*) lire à ce propos la vie extraordinaire d’Henry Dunant