Fév 092006
 

Créteil, Université Paris XII, Cours Culture et Ethique (c) Yves Traynard 2005

Jour du grand oral pour le groupe Éthique n°1 : Économie et humanisme. Une franche partie de rigolade malgré le sérieux du thème. S’affrontaient sur scène (photos à venir, ici la salle) les défenseurs de l’économie ultra-libérale et des alter-mondialistes. Pour l’occasion, défendant les intérêts du patronat dans ce débat j’avais revêtu mon bon vieux costume de cadre moyen qui fut très remarqué par mes camarades étudiants habitués à tenue plus cool. L’accoutrement et le ton des alter-mondialistes n’étaient pas mal non plus.
Plus sérieusement nous avons donné des clefs pour que chacun puisse répondre à la question « Peut-on espérer au XXIème siècle réconcilier Économisme et Humanisme ? » en illustrant le propos par les réflexions tirés du débat économique d’aujourd’hui : ultra-libéralisme et rôle de l’Etat, faillite des idéologies, OMC, rôle des entreprises, des clients, de l’actionnariat. Un débat simple, cent fois entendu qui fait apparaître les nombreuses faiblesses de notre système économique. En contre-point nous l’avons illustré d’alternatives dans l’air du temps : développement durable, responsabilité sociale des entreprises, commerce équitable en nous gardant bien de trancher sur la pérennité de telles solutions.

A l’issue d’une heure de joyeuse représentation, notre professeur, a souhaité donner d’autres éclairages au débat en revenant à l’essence des questions, exercice aussi passionnant que lumineux propre aux philosophes.

Il met l’accent tour à tour sur :

  • le développement massif de l’individualisme auquel on assiste y compris dans les sociétés traditionnelles et conclue à son enracinement anthropologique
  • la réussite du modèle de la liberté d’échange (qu’il soit culturel ou économique)
  • il nous invite à nous méfier des débats peuplés de poncifs dont on ne creuse jamais les concepts sous-jacents. Il prend l’exemple du néo-libéralisme jamais défini et pourtant qu’on s’envoie à la figure dans tous les débats
  • dans le même ordre des idées reçues, il nous invite à réfléchir à la colonisation, qui fut plus volonté de puissance que razzia économique. Il donne pour preuve les nations sans colonie devenues les plus puissantes économiquement (USA, Japon, Allemagne)
  • il nous met en garde plus généralement contre la pollution de l’immédiateté
  • il conclue, sur une note optimiste en faisant remarquer que jamais aucune époque avant la notre n’a pris autant soin de l’homme ; qu’il faut se garder de trop de catastrophisme et parier sur l’imagination créative de l’humanité. Il rappelle l’exemple des prédictions du club de Rome et cite le pétrole dont le cours du marché incitera au fur et à mesure de sa raréfaction à trouver des énergies alternatives.


Je recommande vivement à ce propos l’ouvrage d’André Comte-Sponville, de surcroît très facile à lire : le capitalisme est-il moral ? et en ligne Comment le capitalisme est devenu fou? par Jean Peyrelevade.