Déc 052005
 

Ouvre-lettres en main je seconde cet après-midi  » Dame dons  » qui me confie une jolie pile d’enveloppes T à dépouiller fraîchement arrivées au courrier. Je vérifie les chèques et forme des petits tas selon le coupon attaché : campagne de relance, lettre de l’Association, souscription au livre, versements libres, courriers divers. Dans ce travail de fourmi, à la source d’une grande partie des financements de l’ONG, on en apprend beaucoup sur le don, ces petits ruisseaux qui forment les grandes rivières de la générosité humaine… et encore plus sur le donateur dont on a vite fait de définir un profil type par :

  • son nom (très français), son prénom (un peu vieilli et très féminin), son département (généreuse province), l’absence de voie dans l’adresse (hameaux et villages reculés),
  • le montant souvent modeste de 1 € (englouti par les frais de gestion !) à 200 €, le chéquier utilisé (La Poste reste le bas de laine des anciens) ou le montant de 15,24€ l’exacte contre valeur de 100 francs !

Le petit mot joint en dit long sur l’attachement à une cause, à l’ONG, à l’Afrique où à des préoccupations plus bassement matérielles « n’oubliez pas de m’envoyer le reçu fiscal dans les plus brefs délais« .
Pointe parfois la solitude (longue lettre sans autre but que de parler), la nostalgie (« j’étais en Afrique il y a 40 ans… ») ou la solidarité (« bravo pour ce que vous faites »). Plus triste et hélas fréquent : « j’ai perdu mon mari et n’aurai désormais plus les moyens de vous faire un don« , « ne nous sollicitez plus, ma mère à la maladie d’Alzheimer » ou le froid décédé barrant le bulletin de don. On trouve aussi l’Econome : « ne dépensez plus d’argent en relances, je donne toujours sans sollicitation » ; le Robin des Bois :  » demandez donc aux riches de vous aider, ministres, haut fonctionnaires, PDG…  » et enfin le ronchon justicier qui se fend d’un « je ne vous envoie plus de dons vous n’en avez pas besoin quand je voie votre brochure en couleur » faisant référence à la modeste lettre d’information de l’ONG qui n’est pourtant envoyée que sur souscription complémentaire. Je n’invente rien.

Suprême récompense pour mon infime coup de main, « Dame dons » me fait ensuite une démonstration de son logiciel miracle de gestion des membres et donateurs de l’Association. Cotiletdons (cherchez le jeu de mots) édité par SAFIG et qui possède plusieurs belles fonctions :

  • Gestion des adhérents avec fiche classique, fichier adresse P et T, dédoublonnage,
  • Gestion de campagne (prospection, fidélisation) avec suivi individuel,
  • Encaissement avec interface bancaire et comptable : bordereau de remise en banque, gestion des prélèvements automatiques,
  • Reçus fiscaux,
  • Statistiques et rapports assez riches pour suivre en temps réel les rentrées de fonds et l’efficacité des campagnes et si ça ne suffit pas accès à toute la puissance du langage SQL (néanmoins réservé à l’expert).

En bref c’est l’équivalent d’une CRM avec fichier client intégré. A mon goût, pour être complet il ne lui manque qu’un reporting plus graphique et peut-être la lecture optique pour éviter la saisie fastidieuse des identifiants de chèque, campagne, adhérent.
Je dois dire que je suis assez impressionné par l’efficacité de la solution où l’on a intelligemment tiré parti du paramétrage du progiciel sans chercher à le détourner pour autant. Une seule personne (la ci-devant « Dame dons ») épaulée souvent de M. Accueil et parfois d’une bénévole gère sans peine les dizaines de milliers de donateurs et permet de rentrer 10 K€ par jour en moyenne dans cette période faste de fin d’année. Les taux de retour sur les campagnes sont en constante amélioration. Est-ce que cette sensibilité est une tendance générale de la « profession » depuis le Tsunami ? Voilà un sujet intéressant à l’heure où le Cachemire grelotte sous des abris de fortune.