Mai 122011
 

Cette province du Shandong m’est définitivenent agréable ce printemps. Après Qingdao, c’est Qufu qui m’accueille pour quatre jours, sous un doux soleil de mai, moins violent que celui de Baoding. Qufu est la ville natale de Confucius, son tombeau aussi.
Confucius reste le penseur chinois le plus illustre, sans doute le plus influent. Il est quasi contemporain de Bouddha et des premiers philosophes grecs (6e – 5e s. av. J.-C.) Son prestige reste immense et sa pensée a influencé tout l’Extrême-Orient. Si sa « cote » a eu des hauts et des bas en 26 siècles, il est aujourd’hui au coeur de l’idéologie qui a succédé au maoisme, comme référent tant moral (les vertus) que politique (la societé harmonieuse, la responsabilité du gouvernant sur le gouverné) et constitue un des fers de lance du soft-power chinois qui s’installe (les Instituts Confucius sont les équivalents des Instituts français-ex. CCF). Un incontournable donc.
Confucius partage avec le Christ de n’avoir laissé non un texte fondateur mais des dits, des actes, rapportés par des disciples. Plutôt que d’entamer dès aujourd’hui la visite-pélerinage des monuments – rien ne presse, la visite de Qufu est généralement baclée en une journée – j’ai préféré me plonger, à l’ombre de pins centenaires, dans le fameux Analectes dans la traduction quelque peu datée, d’un jésuite francais(**).

D’emblée, le texte séduit par sa clareté. Il n’a pas cet hermétisme qui caractérise le Nouveau Testament ou le Coran. Quelques paraboles, mais surtout des préceptes courts, sagesses de vie que chacun peut comprendre et commenter facilement.

20 chapitres courts abordent des thèmes somme toute limités, mais je n’ai pas tout lu.

  • La nécessaire exemplarité du prince, sa probité,

« Si le prince élève aux charges les hommes vertueux et écarte tous les hommes vicieux, le peuple le soutiendra »

  • Le respect des rites, (les traditions formalisant la société)
  • Le respect des anciens, la piété filiale,
  • L’exigence morale (droiture, bonté)
  • La voie intérieure et l’effacement :

I.16. Le Maître dit : « Ne vous affligez pas de ce que les hommes ne vous connaissent pas ; affligez-vous de ne pas connaître les hommes. » « Chercher à plaire aux hommes par des discours étudiés et un extérieur composé est rarement signe de plénitude humaine. »

  • L’importance de la quête du savoir

1.14. Le Maître dit : « Un homme honorable qui ne recherche pas la satisfaction de son appétit dans la nourriture, ni ses commodités dans son habitation, qui est diligent en affaires et circonspect dans ses paroles, qui se rectifie auprès des hommes vertueux, celui-là a un véritable désir d’apprendre. »
II.15. Le Maître dit : « Étudier sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir sans étudier est dangereux.»

Le but semble le bonheur collectif, la fondation d’une société où le peuple  serait heureux parce que gouverné – sans avoir mot à dire – par une élite responsable.

Demain visite.


(*) Qufu, (prononcer ‘Tchufou’), est aujourd’hui une petite ville provinciale du Shandong, cernée de champs de blé à perte de vue.
(**) Lun yu, les Entretiens de Confucius, Traduction du chinois de Séraphin Couvreur. Format compilé dans l’excellente collection des Classiques des sciences sociales de l’Université du Québec à Chicoutimi.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Les Analectes ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2011/05/les-analectes/>

  One Response to “Les Analectes”

  1. C’est l’un de mes oncles (l’autre est Zhu Bajie, le poorc bouddhiste).

    Voir ces quelques pages pour une présentation.

Leave a Reply to Cochonfucius Cancel reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>