Nov 072006
 

Les derniers Portugais du Mozambique ont conservé des manières de gens simples. Le pull tricoté et la jupe bleue marine pour Madame, les chaussettes blanches du dimanche pour Monsieur. La semaine ils portent un jean ultime coquetterie de ces étudiants des années 60. Pas de cravate. Un style rustique et sobre. Ils n’ont pas cet air arrogant des nouveaux riches du pays. Ils roulent en utilitaire plutôt qu’en 4*4 luxueux. Ils ont le teint rose, pâlot de ceux que le soleil n’amuse plus. Les hommes ont des physiques de pêcheurs ou de maçons. Je sais, c’est caricatural, mais comment décrire autrement ces mains épaisses, ces visages fripés, ces dos voûtés, cette démarche hésitante ? Ils ont leurs lieux de rendez-vous, le Club portugais en face du Jardin de Namorados, le Costa do Sol, la Marisqueira à l’ombre de la statue de Mondlane, le Continental à Baixa. En 74, alors que tous leurs compatriotes fuyaient dans les pays voisins et en Europe ils n’ont pas craint de rester voire de revenir. Par engagement, par passion, par habitude ou par nécessité. Ils ont traversé les années sombres avec leurs concitoyens noirs, métis, indiens. Pour le meilleur et pour le pire le Mozambique est leur pays. On cherche une relève à ces anciens Portugais sans la trouver. Envolée ou métissée la jeune génération s’est diluée. Cette espèce déjà très rare, vivant témoin d’un long passé colonial, est en voie rapide d’extinction. Non, le Mozambique n’est pas l’Afrique du Sud.