N’y a-t-il donc point de photographe en Algérie ? En l’espace de quelques mois, le Français pas même Pied-noir que je suis, a honoré trois commandes d’images d’Alger sans la moindre démarche volontaire. Le moteur de recherche Google s’est chargé sans frais de la promotion de mes albums photographiques en ligne. Le portail Swissinfo fut le premier à souhaiter publier une de mes photos du port d’Alger.
Puis le magazine de transport Imagine m’a commandé deux de mes clichés préférés pour faire sa couverture et illustrer une page intérieure.
Enfin Géo magazine (rien que ça !), qui parie sur le tourisme en Algérie dans son numéro d’octobre, a publié deux autres photos un peu pâles à côté de celles de Bruno Hadjih !
Grâce à Internet j’ai pu envoyer tranquillement les «jpeg haute-def» à mes «clients» depuis Maputo. Je ne vais pas me plaindre de ces rentrées financières bienvenues mais il est quand même aberrant que les médias ne fassent pas appel à des photographes du cru. Je crois qu’il y aurait là matière à fonder une agence pour promouvoir les talents éparpillés du Sud et les mettre en relation avec les éditeurs du Nord. Le frein principal à cette coopération semble être l’adéquation aux goûts et standards de qualité des médias occidentaux.
A Maputo, Ricardo Rangel, photographe mozambicain de renom(*), participe à la professionnalisation des photo-journalistes. Il a publié un très sévère mais très amusant « Foto-Jornalismo ou Foto-Confusionismo »(**) où il dénonce à partir de reproduction très pédagogiques tirées de la presse locale, la faible qualité de la communication visuelle dans ce pays. Légendes débiles, cadrages inadaptés, personnages dévalorisés, sujets mal illustrés, rien n’échappe à l’œil de ce professionnel aguerri qui propose en conclusion des exemples de clichés réussis. Sa démonstration vaudrait pour beaucoup de pays et rappelle un peu les pages locales de notre presse régionale.
(*) Ricardo Rangel qui se définit comme Euro-Afro-Asiatique est né en 1924 à Maputo. Il fut le premier photo-reporter non-Blanc du journal « Noticias da Tarde » avant de travailler pour différents journaux et magazines progressistes puis indépendants. A partir de 1984 il dirige le centre de formation photographique.
(**) Ricardo Rangel. Foto-Jornalismo ou Foto-Confusionismo. Imprensa Universitária UEM. Maputo. 2002.
Les deux photos du numéro de Géo sur l’Algerie (légendées par erreur Yves Traygnard !)
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Photographes du Sud ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2006/10/photographes-du-sud/>
J’ai vu sur votre page perso que vous aviez visté Constantine, Biskra, Timgad… El Kantara. Je suis constantinoise, et je connais ces régions…Vous ne dites pas vos impressions..?
J’aimerais bien les lire avec votre verbe d' »étudiant » solidaire.
Bravo pour ce blog, le verbe et les photos.
Ce voyage est déjà bien loin et j’aurais de la peine à en retrouver le fil.
J’ai apprécié Constantine, même en cette fin d’automne. Sa casbah, ses ponts aériens, ses façades algéroises, ce Rummel vertigineux. Mais il pesait à cette époque (2000) encore un sentiment angoissant, une menace diffuse, surtout pour l’étranger que je suis. Ma virée au balcon de Roufi un 1er novembre a failli bien mal se terminer. Je crois que je dois d’être encore en vie à la présence d’esprit et à la gentillesse de mon chauffeur de bus.
Bien sûr j’ai adoré les ruines de Timgad, sous un ciel bas et lourd, et l’oasis de Biskra, chaude, affectueuse, et El-Oued généreuse, détendue. Et plus loin encore, Ghardaïa, fière, splendide, ronde comme une orange. J’ai bien pensé à ses habitants en apprenant les récentes inondations.
Ah j’arrête là, vous me flanquez la nostalgie.