Juil 122006
 

Le monde est petit. Je déjeune fréquemment dans un restaurant halal de l’avenue Mondlane à 10 mn à pied du bureau. On y mange un petit filet de poulet mariné accompagné d’un peu de laitue et de quelques frites pas trop grasses qui me rappelle (de très loin) le subtil shish-tawouk syrien. J’avais découvert l’adresse dès les premiers jours alors que mon frigo et mon estomac criaient famine. Et bien le patron qui a un oeil sur al-Jazira, l’autre sur la caisse, est algérien. Le maillot bleu frappé de l’écusson FFF qu’il portait depuis deux semaines avait fini par éveiller mes soupçons. Il m’a appris aujourd’hui qu’il était l’un des 5 Algériens que compte le pays. Et pour être plus précis il est d’Oran ! J’en vois un à Paris qui rigole déjà(*). Bon, avouez qu’il fallait le trouver. Mais ce n’est pas tout, l’épicier à 50 m de mon appartement est originaire de Tyr, au Sud Liban pas très loin de là où ça chauffe fort depuis ce matin. La boutique porte fièrement le nom d’Aladin. Ca interpelle. Depuis on s’aborde en arabe. Dans de telles conditions mon franco-arabo-anglo-portugais tourne au sabir. Mais au registre des coïncidences il y a plus drôle encore. Je suis passé chez le coiffeur ce midi. Un peu dans l’embarras pour expliquer ce que je voulais comme coupe, ma voisine de fauteuil (ici les salons sont mixtes ce qui est plutôt sympa) s’est proposée de traduire en portugais à condition que je m’exprime en français car elle n’entendait point l’anglais. «Mas sou Francês !» ai-je rétorqué fièrement. Et bien la dame en question est congolaise et son fils cadet s’appelle Yves. J’arrête là vous n’allez plus me croire si je vous dis qu’elle porte le prénom de ma mère ! Et pourtant c’est VRAI ! Ma coupe a fait les frais de la confusion ; je n’ai pas vu arriver le premier coup de tondeuse dévastateur et je n’ai plus rien sur le caillou ! Bon ça sera plus vite lavé le matin ; de toute façon ici les hommes n’ont jamais plus de 2 mn de cheveux sur la tête. Heureusement que j’avais demandé pas trop court. En rentrant au bureau j’ai pu annoncer crânement que j’étais désormais un Mozambiçano.


(*) Je n’ai pas osé lui demander s’il était de Saint-Eugène mais demain il aura droit au très oranais « Kirak ? »