Juil 022006
 

Il y a quelques musées de par le monde qui ont été rattrapés par l’histoire. Celui de la Révolution à Maputo est de ceux-là. Sur quatre étages il arbore des slogans jaunis du Frelimo parti au pouvoir et grand gagnant de la décolonisation. Il fleure bon le temps où la guerre froide s’était tropicalisée. Tout y est : la rhétorique révolutionnaire, les photos de propagande et les communiqués victorieux, les bulletins ronéotés, les armes, les comités de femmes, les garde-robes et documents de Mondlane et de Samora Machel, les meeting en brousse, les files de soldats traversant les rivières… sauf que les idéaux marxistes sont aujourd’hui totalement balayés par la déferlante libérale qui s’est imposée au Mozambique. Il faut sans doute garder ce musée intact comme témoin de cette époque où tant, y compris en Europe, se sont investis(*). Mais il manque un vrai musée d’histoire nationale qui décrive la situation coloniale, le jeu des grandes puissances, la période socialiste, la guerre civile, les enjeux et les évolutions récentes… ou à défaut un livre qui en fasse la synthèse. Parmi les documents présentés figurent le plan des négociations et les accords de Lusaka de septembre 1974 qui organisent la phase de transition entre le Portugal et le FRELIMO. On assiste en direct à la formation d’une nation. Le FRELIMO est visiblement en position de force.
Descendu à la Baixa, la ville basse comme à Lisbonne, cœur historique de Cimento et le moins bien entretenu des quartiers de Maputo. Atmosphère pesante, rues désertes, mendiants, petits marchés, laveurs d’automobiles… Réfugié le temps d’une omelette aux crevettes au grand café Continental qui a dû avoir son heure de gloire. Je prends mon courage à deux jambes pour aller jeter un œil rapide à la pompeuse gare ferroviaire de 1908. Pour des photos je reviendrai en semaine lorsque le quartier sera plus animé.


(*) Lire à ce propos la touchante introduction de Brigitte Lachartre dans son livre « Enjeux urbains au Mozambique », Karthala. 2000.