Juil 092011
 

L’affaire est assez simple. Tianjin a rasé entièrement sa ville chinoise héritée des Qing. On l’a un peu aidée il est vrai. Les murs de la ville furent détruits par les nations étrangères après la révolte des Boxers en 1900. Le tremblement de terre de Tangshan l’a également endommagée. Paradoxalement, les secteurs coloniaux d’affaires et résidentiels, les fameuses concessions situées hors les murs de la ville rectangulaire, ont non seulement été épargnés, mais font l’objet d’une protection patrimoniale vigoureuse. Dans ce profond mouvement de modernisation « scientifiquement planifiée » elle a sacrifié son cœur chinois, dont on peut se faire une idée à partir de la maquette exposée au musée de Tianjin. Maquette de la ville primitive, celle-ci s’étant abondemment développée hors les murs aux 19e et 20e s.
Sur le territoire dégagé, elle se devait de reconstruire une part visible de « sinité ». C’est chose faite depuis quelques années en deux quartiers mitoyens flambant neufs.
A l’Ancient Culture Street, l’artisanat a pratiquement disparu au profit de produits touristiques standardisés. C’est là que les Chinois s’approvisionnent en mahua, pâtisserie en forme de tresse, éventails, calligraphies, figurines, jeux de cartes, etc.
Côté Tour du tambour ce monument ne semble être là que pour offrir un signal, une centralité d’où se déploie un vaste quadrilatère d’immeubles d’habitation qui s’élèvent progressivement de maisons basses en tours atteignant jusqu’à 30 étages. Les boutiques apportent un peu d’animation en journée.
Tianjin est un cas intéressant en matière d’urbanisme qui rappelle Datong en plus grand : pour mémoire Tianjin est la sixième ville chinoise. Sauf qu’ici on ne s’est pas lancé dans la réédification des murs.

En dehors de ces deux quartiers, on a aéré la ville en perçant de grandes artères, créant des parcs, rénovant et tenant les canaux impeccablement propres et construisant à la verticale, là où la banlieue était horizontale.
Fait-il bon y vivre ? Tianjin était classée première ville chinoise par The Economist pour sa qualité de vie(*), derrière St-Petersburg. Difficile d’en juger pour un Français de passage. Agréable pour qui, pour quelle vie, quels usages ? De telles opérations de ré-urbanisation radicale et massive de territoires dotées de budgets colossaux posent mille questions : combat entre intérêt public et intérêt privé, respect du droit et bien sûr rationalité économique.
Ce qui est certain, c’est que Tianjin offre aujourd’hui le visage d’une ville « moderne », mais largement encore en devenir. Son immense pôle économique de Binhai ouvert sur le Golfe de Bohai est loin d’être achevé et Britannica Online Encyclopedia a de la peine à suivre pour raconter toutes ces mutations récentes(**).


(*) Liveability ranking and overview July 2009
(**) Sur Britannica pour mobile uniquement.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Tianjin la moderne ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2011/07/tianjin-la-moderne/>

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