Juin 062010
 
Comme dans les Lettres persanes, un retournement du regard, même burlesque, peut constituer l’amorce d’un juste questionnement. Dans Africa Paradis, (science-)fiction du réalisateur béninois Sylvestre Amoussou(*), l’Europe de 2033 est un chaos social et politique. Dans cette misère, pour beaucoup, le seul espoir est de gagner l’Afrique, continent désormais uni et prospère. Mais lorsque les frontières sont fermées, les quotas atteints, que l’Afrique est traversée par un débat nationaliste, seule reste la clandestinité pour gagner cet eldorado.
Voire des Blancs être la proie de passeurs, exercer des petits métiers – chauffeurs, bonnes, serveurs, manœuvres, éboueurs – au service d’Africains bon teint est à la fois drôle et sérieux. La vidéoprojection de ce film dans l’enceinte d’un foyer africain de la rue des Amandiers hier soir, ne manquait pas d’à propos, au moment où un collectif de salariés sans-papiers soutenu par la CGT se fait expulser de la Bastille par les forces de l’ordre(**).

http://www.allocine.fr/blogvision/18718847


(*) Africa Paradis, Sylvestre Amoussou, 2006,. Projection organisée dans le cadre du Festival de cinéma des foyers, une occasion également pour les Parisiens de découvrir des foyers de travailleurs migrants de la capitale. En première partie était projeté Chacun pour tous, un film réalisé par Tribudom et CSP 75, visionnable en ligne.

(**) « Il y a des Français chez nous, pourquoi nous on pourrait pas venir ici ? », Libération, 4 juin 2010.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Africa Paradis ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2010/06/africa-paradis/>

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