Juin 222010
 

Dans un récent essai(*), Bernard Deloche offre une critique acerbe mais pertinente des musées traditionnels. Dans un clin d’œil à Barthes, il dresse le constat de l’impuissance de ces nobles institutions à s’inscrire dans les réalités sociales contemporaines. En bon professeur de philosophie de l’art, il cite Jean-Claude Lebensztejn : « Le Musée, lieu fantastique, lieu absent de tout lieu a pour rôle de conserver les œuvres d’art à travers les âges, niant ainsi l’histoire et la mort. Il se met hors lieu et hors temps. Mais s’il y avait lieu de ne pas conserver les œuvres d’art ?« (**) L’universitaire parle volontiers d’uchronie pour qualifier ces musées tant ils sont figés. En contrechamp, il se fait le chantre des musées de société, qui en ont bien besoin. Un allié certain pour le tourisme du Réel que je défends.


(*) Mythologie du Musée, Bernard Deloche, Le Cavalier Bleu, coll. MythO ! 2010.

Pur produit de l’Occident qui s’exporte aujourd’hui avec fracas, le musée est en réalité une institution coupée de la vie, qui s’est constituée en mythologie, voire en uchronie (monde privé d’histoire). S’il témoigne de notre besoin d’une référence identitaire stable, il n’en est pas moins en porte-à-faux avec les réalités sociales contemporaines. Doit-il fermer ses portes ou peut-il se rénover ? Dans le sillage des différentes utopies proposées à la fin du XXe siècle, les récents musées de société tentent d’échapper à toute forme de dogmatisme en pratiquant l’ouverture et la mise en question délibérée. Lire sur le même thème, du même auteur : Pourquoi (ne pas) aller au musée, Bernard Deloche et François Mairesse, Aléas, 2008.
(**) Jean-Claude Lebensztejn, L’espace de l’art, Zig-Zag, Flammarion, Paris, 1981, p. 22.