Juil 172009
 
Retrouvé Paris avec des yeux neufs. Ce métro parisien que j’adorais me semble ridicule, sale, vétuste, semé de volées de marches assassines, de tourniquets infranchissables, d’escalators en panne, de distributeurs hors service, de rames bondées, de tarifs exorbitants, de guichets déserts où tout semble n’être fait que pour rendre votre déplacement impossible ; un comble pour un moyen de transport ! Si, dans un souci d’environnement, on veut favoriser les transports en commun, il faudra s’atteler rapidement à les rendre plus pratiques et attractifs. Pour y réfléchir, je conseille à nos technocrates de faire Roissy-Belleville à une heure de pointe, avec deux bagages de 25 kilos sur le dos pour apprécier l’agrément.
Ce matin, au retour du consulat chinois où je me suis empressé d’aller solliciter un nouveau visa, j’ai renfourché mon Vélib’. Que Paris m’a paru tassé et si peu verte comparées aux villes chinoises que je fréquente(*) A vélo, il faut se farcir les pots d’échappement des deux-roues motorisés, partager les couloirs de vélos déjà minuscules avec les bus et les taxis, les trottoirs sont d’une taille ridicule parsemés d’embûches à chaque pas et pour l’ombre je cherche toujours les arbres. C’est Paris, son charme aussi, résultat d’une histoire urbaine deux fois millénaire.

A propos d’histoire urbaine de notre capitale, les Pinçon ont publié un guide très innovant articulé autour de quinze promenades(**). Dans cet ouvrage, on ne fait pas vraiment dans le patrimoine mais dans le sociologique. On y parle beaucoup d’identité de la capitale, de ses transformations (du côté de Bercy, le métro, les villas), de gentrification (La Bastille, Oberkampf), de luxe et d’affaires (Saint-Germain, le luxe contre les intellectuels ; le Triangle d’or, les affaires contre les bourgeois ; le Sentier), d’immigration (13e, Goutte d’Or), de relation avec la banlieue (Saint-Lazare, les portes de Paris).
Cette édition fortement revue de Paris mosaïque de 2001 si elle rappelle avec modestie ce qu’elle doit à ses aînés (Louis-Sébastien Mercier, Maurice Halbwachs, Louis Chevalier), n’en ai pas moins un élargissement bienvenue du champ touristique tout à fait novateur et en phase avec mes espoirs d’un tourisme du Réel. Souhaitons que cette édition soit enrichie (tant de quartiers restent dans l’ombre) et qu’elle inspire à d’autres l’envie de traiter leur ville, leur pays.

(*) Non ce n’est pas de la provocation, même si les villes chinoises ne sont pas exemptes de défauts.
(**) Quinze promenades sociologiques, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Payot, 2009. On lira utilement des mêmes auteurs Sociologie de Paris, La Découverte, Collection, Repères, 2004.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Promenades sociologiques ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2009/07/promenades-sociologiques/>

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