Déc 182008
 
Comment nommer son pays, comment se désigner à l’Autre ? Voilà un exercice d’altérisation s’il en est, bien peu naturel mais que tous les peuples ont eu à faire tôt ou tard. Et c’est souvent le voisin qui s’en est chargé !

Prenons le cas du Japon. Le mot français Japon est issu de l’anglais Japan. Ce terme viendrait de la prononciation chinoise de 日本 (rìbĕn) dont les caractères signifient soleil et racine ce qui donne avec une touche de poésie pays du Soleil Levant. Une désignation logique vue de la Chine, un peu moins vue du Japon et encore moins pour un Américain qui aurait plutôt opté pour un Soleil Couchant. D’ailleurs les Japonais ne se disent pas Japonais dans leur langue. En japonais, « Japon » , bien que s’écrivant avec les mêmes caractères qu’en chinois (日本) se dit Nihon (ou plus rarement Nippon). C’est lors des premiers échanges commerciaux avec la Chine que cette appellation fut introduite, alors que les Japonais de l’époque désignaient leur pays sous le nom de Yamato. D’abord prononcé Hi-no-moto, il lui fut préféré, à partir de l’époque de Nara (VIIIe siècle) les prononciations Nihon ou Nippon, appellations encore en usage de nos jours.

Quant au terme « Chine », dans les langues occidentales, il vient du terme désignant la dynastie Qin, 秦. C’est cette dynastie qui se fit connaître hors de ses frontières comme « le pays de 秦 (Qin) », qui fut interprété comme la « Chine » (la lettre « q » en pinyin se prononce tch). Mais ça c’est aussi pour l’étranger. La Chine se désigne elle-même comme le « Pays du Milieu », 中国 (Zhōngguó). Certains ont vite fait d’élaborer une théorie ethnocentrique. : ces Chinois se prennent pour le centre du monde. Outre que tous les peuples un peu importants se prennent pour le centre du monde, l’étymologie historique semble leur donner tort : jusqu’au XIXe siècle, Zhongguo signifiait « le centre du pays », c’est-à-dire, grosso modo, la province du Hunan d’aujourd’hui. Traditionnellement, les Chinois plaçaient leur empereur en ce centre et imaginaient des anneaux concentriques s’étendant du Hunan vers les régions limitrophes. Lorsque la Chine commencera à avoir des contacts directs avec le monde occidental, Zhongguo désignera l’ensemble du pays. C’est ce terme qui est utilisé par les pays voisins. Les Japonais parlent de Chuugoku, les Coréens de Jungguk.

Revenons à nos leçons dont le vocabulaire tourne autour de la langue chinoise. Dans ce domaine aussi la variété des appellations est à l’oeuvre. Les langues chinoises (中国语文, Zhōnggúo yǔwén) ou les chinois (中文, Zhōngwén) appartiennent à la famille des langues sino-tibétaines. Dans leur caractère le plus universel, on considère la langue écrite (文, Wén), transcendant la prononciation des divers parlers. La langue parlée dans son caractère le plus général est le plus souvent appelée Hanyu (汉语), soit « langue des Hans », ethnie majoritaire de Chine, même si d’autres groupes ethniques ont progressivement adopté cette langue. Les différents parlers peuvent être considérées comme langue (语, Yǔ) ou comme dialecte (话, Huà). Le statut d’un parler comme langue ou dialecte est souvent sujet à controverses en l’absence de références écrites à la prononciation.
Quant au mandarin, terme occidental qui nous viendrait du portugais via le malais et le sanskrit(!), il désigne aujourd’hui la forme dialectale du chinois, parlée par plus de 70% de la population. Il sert de base à la langue commune officielle actuelle (dénommée pǔtōnghuà, « langue commune »). C’est cette langue à laquelle on fait référence quand on parle communément du chinois.

Nouveaux caractères de la leçon 1.25.
汉 han4, 语 yu3, 说 shuo1, 得 de, 怎 zen3, 样 yang4, 外 wai4, 都 dou1, 好 hao3, 呢 ne, 写 xie3


(*) Avec wikipédia (entrées : Japon, Chine, Langues chinoises) et Chine Informations : L’empire du Milieu : Pourquoi appelle-t-on la Chine ainsi ?
(**) Et toujours les 400 caractères de la méthode Bellassen. En rouge, ceux acquis à l’issue de la leçon 1.25. En vert les chiffres, en jaune ceux vus en avance de phase.

啊 爱 安 把 吧 白 班 半 办 包 报 杯 比 笔 边 便 北京 :Pékin
遍 别 病 才 菜 茶 差 长 常 场 唱 车 成 城 吃 出 处
次 从 错 打 带 当 到 道 等 底 地 第 点 电 店 丁 定
懂 动 饿 饭 方 房 放 非 飞 分 份 东 : Chandong
风 夫 服 父 干 刚 钢 高 告 哥 歌 个 给 跟 更 工 公 共 古 关
馆 光 广 课 过 还 孩 海 喝 河 和 黑 红 后 候
湖 虎 花 画 化 话 欢 黄 回 会 活 火 机 鸡 几 己 家 间 见 江
讲 饺 教 今 金 近 进 酒 久 就 旧 觉 开 看 可 课 刻 京 : capitale
孔 口 快 筷 块 来 乐 了 累 冷 离 连 凉
龙 楼 路 买 卖 慢 忙 毛 每 门 梦 米
面 民 母 拿 难 脑 念 鸟 您 牛 明天 : demain, 京 : Nanjing
女 旁 朋 皮 片 票 平 骑 起 气 汽 千 前


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Initiation au mandarin : cours 8 ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2008/12/initiation-au-mandarin-cours-8/>

 Leave a Reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>