Oct 102008
 
Paris, Belleville (c) Yves Traynard 2008

La bourse atteint un point bas ce soir qui nous ramène plus de cinq ans en arrière. Ce ne serait pas très grave si seuls les spéculateurs étaient pénalisés. L’économie de casino aurait ses revers. Mais la contamination de la crise financière, issue de crédits spéculatifs, à l’économie réelle ne fait plus de doute pour personne. Et depuis on s’interroge.

Quelles seront les conséquences pour les prochaines années ?
Récession, chômage, pauvreté, famine ? Comment se comporteront les nouveaux moteurs de la croissance mondiale tels que la Chine et l’Inde, ces pays vont-ils se concentrer sur leur développement national ? Les fonds souverains feront-ils main basse sur nos industries au détriment de l’indépendance nationale ? Combien de temps durera la crise ? Comment sera-t-elle vécue dans les pays pauvres ?

Quels nouveaux équilibres sortiront de ce fiasco ?
La fin des USA comme puissance mondiale parait acquise, le renforcement de la solidarité européenne, la montée de l’Asie, on ne sait pas encore. Une seule certitude, cette crise d’une économie désormais mondialisée à 80%, nécessite une réponse mondiale. La maîtrise de la société civile sur les groupes transnationaux de la finance et de l’industrie ne peut passer que par une réglementation uniforme, homogénéisée, contraignante. Comment sinon lutter contre les paradis fiscaux, la diffusion de produits financiers toxiques, l’attrait d’une place financière plus laxiste ? L’équilibre n’est pas que géopolitique. Il est d’abord l’illustration d’un déficit de l’Etat.
ATTAC qui tire la sonnette d’alarme depuis des années sur le scandale de la finance mondiale, espère qu’un monde nouveau en sortira, plus juste, plus stable, plus harmonieux.
Mais qui décidera de ce monde ?
Les programmes des gouvernements que nous avons élus ne portaient nulle proposition aux questions nouvelles qui se posent. Un vaste débat devrait s’engager, international. De nombreuses inconnues demeurent quant à ce débat. Quelle y sera la place du citoyen, comment se positionneront les pays émergents (Chine, Brésil, Inde qui représentent un tiers de l’humanité), qui défendra les petits pays pauvres, quid des institutions de Bretton Wood désormais clairement inadaptées ? Verra-t-on encore une fois, comme lors de l’adoption de la Constitution européenne ou du plan Paulson un simulacre de démocratie permettre aux élites de faire des choix sans tenir compte de l’avis des citoyens ?
Car l’enjeu final est bien la régulation démocratique de l’économie mondiale pour une société plus juste. Espérons que cette crise ait au moins une vertu. Qu’elle serve à refonder les bases de notre monde. C’est sans doute demander beaucoup. Car sitôt les marchés calmés, passées les mesurettes contre les parachutes dorés, la désignation à la vindicte populaire de quelques traders véreux, le Business as Usual risque bien de l’emporter… jusqu’à la prochaine crise.