Sep 272006
 

Dans nos sociétés développées l’essence même du commerce a fini par se diluer dans les arcanes des circuits économiques, les volumes échangés, la publicité, la consommation effrénée, le salariat, les niveaux de revenus, l’argent électronique, l’intervention de l’État. Pourquoi ce produit s’invite à ma maison, par quels chemins, qui l’a réalisé, dans quelles conditions, comment se forme son prix… ? Cette opacité a terni durablement la valeur du commerce vu au mieux comme magie au pire comme affreuse exploitation des deux extrémités de cette chaîne, producteur et consommateur. Une chaîne qui est pourtant un ressort majeur de nos sociétés. Dans les pays en développement les mécanismes et les enjeux redeviennent palpables et la simplicité de l’économie a pour vertu de dynamiser les échanges… chacun peut s’improviser intermédiaire avec une grande latitude d’imagination sauf apparemment à… Maputo.Deux exemples récents parmi tant d’autres.Au café Internet Tiger. Mon heure prépayée est terminée. J’en reprendrais bien pour une demi-heure jusqu’à la fermeture de l’établissement. Dans n’importe quel pays où un sou est sou durement gagné on aurait négocié tout naturellement. J’aurais payé au pire un peu plus d’une demi-heure et j’aurais continué la publication de ce blog satisfait d’un compromis qui respecte les deux parties. Ici un tel arrangement est inimaginable. C’est une heure ou rien, pas de négociation possible.Deuxième exemple après l’attaque des puces. Je détaille la composition du Synthol récupérée sur Internet auprès de quatre pharmacies où j’exhibe également mes stigmates. Pas une seule échoppe ne me propose soit un produit équivalent disponible en rayon où à commander pour soulager mes piqûres d’insectes. Não tem. Y’a pas. Pas question de vous indiquer une pharmacie mieux équipée qui aurait le produit, pas même un conseil. NADA. Finalement je me rabattrai sur un flacon d’alcool éthylique vendu en supermercado.Tout ça rend la vie bien terne, sans sel. La fibre commerciale si prégnante dans le monde arabe au point d’être composante majeure de la vie sociale me manque cruellement. Où sont les sourires, les nouvelles de la famille, l’abricot offert par le commerçant après la pesée et tous ces petits gestes qui donnent leurs lettres de noblesse au commerce. Un commerce de marchandises certes mais vu d’abord comme un échange humain.