Août 222006
 

Maputo, Petit matin sous le brouillard (c) Yves Traynard 2006 Je croule sous les CV depuis la parution de l’offre d’emploi d’Adjoint informatique dans Noticias et sur Internet (*). Une trentaine en trois jours ! Je passe de longues heures à les décrypter et à me forger quelques repères : quelles sont les formations de base, les filières techniques et générales, les formations professionnelles reconnues ? Quels sont les salaires, quelles sont les ambitions des candidats… Toute une culture du marché du travail du secteur informatique qu’il me faut reconstruire ici. Ce matin je suis comme la météo : dans le brouillard.
En me documentant je tombe sur une excellente Etude sur l’insertion socioéconomique des jeunes à Maputo (**). On y apprend sans surprise que les enfants quittent l’école très tôt. Sur les 3,6 millions d’élèves en 2004, 400 000 étaient en 6ème et 21 000 en Terminale ! Il ne faut donc pas compter sur plus de 20 000 bacheliers de l’enseignement général par an sur une population de 19 millions d’habitants. Autant dire tout de suite qu’il n’est pas question d’être aussi exigeant qu’en France.
Les candidatures sont à la fois très formelles (copie de carte d’identité, références et diplômes à l’appui) et en même temps très brouillonnes. Sur le CV pas grand chose qui parle au recruteur. C’est souvent un fastidieux inventaire de formations, de petites classes, d’écoles secondaires, de cours privés, d’Université au Mozambique, en Afrique du Sud, en Allemagne, des listes de conférences suivies… qu’on imagine chèrement acquises mais dont on se demande si elles ont réellement un intérêt. Les parcours sont rarement linéaires, même pour atteindre le bac. Des années peuvent s’écouler entre deux classes. La guerre, l’insécurité économique sont passées par là. Dans la lettre de motivation rien de ciblé non plus. Il est rarement possible de déterminer quel est le job actuel et la disponibilité du candidat. Les prétentions, requises dans l’annonce, ne sont jamais indiquées. Dans ces profils on trouve un peu de tout. Du Brésilien qui vit en Angola, au stagiaire en micro-crédit. Ils ont entre 25 et 30 ans, n’ont que très peu d’expérience professionnelle réelle sinon un empilement de missions courtes peu propices au travail de fond. Beaucoup de techniciens-ingénieurs hard ou network mais pratiquement aucun orienté ingénierie de logiciel et… aucune femme !
Autre difficulté : comment mesurer la capacité du candidat à s’engager sur plusieurs années. La sélection s’avère donc d’emblée difficile. En France, pour un poste équivalent, c’est beaucoup plus simple. Les profils sont relativement standards, les compétences et qualité des candidats largement lissées par les mécanismes sélectifs et normatifs des Ecoles et Universités. On a rarement de mauvaise surprise. Un jeune ingénieur restera au moins trois ans dans votre entreprise, voire plus s’il y trouve des perspectives d’évolution. Et les tarifs pour un poste donné sont quasi-publics malgré le grand mystère dont on les entoure : au premier emploi, les salaires varient dans une fourchette de 15 % maximum selon la formation initiale.


(*) Si vous voulez postuler c’est ICI : Annonce Adjunto Informático.
(**) Etude sur l’insertion socioéconomique des jeunes à Maputo, sur le site de l’ambassade de France.