Juin 252006
 

La plupart des pays colonisés ont adopté pour fête nationale l’anniversaire de leur libération. Le Mozambique ne fait pas exception. La date du 25 juin 1975 était fixée dans l’article 2 des accords de Lusaka du 7 septembre 1974 passés avec le Portugal pour organiser le transfert de souveraineté en ces termes « l’indépendance du Mozambique sera solennellement proclamée le 25 juin 75 date de l’anniversaire de la fondation du FRELIMO. » Ce jour-là le pays tournait la page de plusieurs siècles d’une douloureuse colonisation. La guerre de libération avait débutée le 25 septembre 1964 deux ans après la création à Dar Es-Salaam du FRELIMO (Frente de Libertação de Moçambique). Le front regroupait alors des Mozambicains de l’extérieur autour d’Eduardo Mondlane. Jusqu’en 1974 le président portugais Caetano combat les rébellions que ce soit en Guinée, en Angola ou au Mozambique. Toute velléité d’indépendance est sévèrement réprimée. La PIDE, police secrète tristement célèbre, traque systématiquement tous les opposants. L’indépendance, n’en déplaise aux Mozambicains, est autant le fait de la lutte armée que de la « révolution des Œillets » en métropole. En 1974, à Lisbonne, dans un épisode troublé de l’histoire portugaise une junte est éliminée par les forces de gauche. Le Conseil national de la révolution applique alors un programme socialiste permettant aux anciennes colonies portugaises d’accéder à l’indépendance. Cette dernière se déroule en grand désordre(*). Par milliers les Portugais fuient en Afrique du Sud et en Rhodésie. En juillet le pouvoir est formellement transféré au FRELIMO. Cette totale absence de transition et le jeu des puissants voisins expliquent en grande partie la terrible guerre civile qui suivit.
A son indépendance le Portugal laisse ainsi au régime de nombreuses difficultés :

  • Un pays très hétérogène du point de vue linguistique et ethnique
  • Une population de 11 millions d’habitants très peu urbanisée, un territoire peu équipé
  • Une administration lourde et très bureaucratique
  • Une grande dépendance dans tous les domaines
  • 90% d’analphabètes et très peu de cadres mozambicains.

Pour fêter malgré tout cet anniversaire je me rends à nouveau à Costa do Sol, cette fois très prudemment. J’évite la plage et passe l’après-midi au célèbre restaurant Costa do Sol là où l’Avenida da Marginal finit en piste rougeâtre. Pour oublier la clientèle de Sud-Africains arrogants et patienter sagement (le service est très long au Mozambique) je me plonge dans mon cours de portugais avant de me régaler d’un carry de crevettes succulent.



(*) Lire sur ce thème les pages emplies de mystères de « Terre somnambule » de Mia Couto paru chez Albin Michel.