Reprise des cours dans une fac vide. Nous sommes les seuls étudiants à ne plus être en vacances scolaires ! Même la petite cafet’ toujours très fréquentée est fermée. De la grève anti-CPE il reste ça et là des affiches, des banderoles décolorées, des tables prêtes à se dresser à nouveau en barricade mais fort heureusement aucun dégât. La bibliothèque déserte où nous rédigeons une lettre type destinée à nos conférenciers du salon humanitaire est un havre de paix.
Le soir, notre enseignante après nous avoir décrit tous les mérites du coaching en management porte l’estocade. Pour dénoncer les dérives de cette mode, elle cite une violente diatribe de Vincent de Gauléjac : « Aujourd’hui, tout se gère, les villes, les administrations, les institutions, mais également, la famille, les relations amoureuses, la sexualité, jusqu’aux sentiments et aux émotions. Tous les registres de la vie sociale sont concernés. Chaque individu est invité à devenir l’entrepreneur de sa propre vie. L’humain devient un capital qu’il convient de rendre productif »(*)
(*) La société malade de la gestion : Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social de Vincent de Gauléjac.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « La société malade de la gestion ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2006/04/la-societe-malade-de-la-gestion/>