Si, aujourd’hui, ce vocable couvre administrativement le quart nord-ouest du 20e arrondissement, il n’en fut pas toujours ainsi et le flou reste bien entretenu. Quelques cartes vont nous aider à y voir plus clair.
Les historiens nous apprennent que le toponyme de Belleville n’apparait que tardivement, au cours du XVIe s.(*) Auparavant, le sommet et le versant occidental de la colline de Belleville furent désignés Savies, puis Poitronville(**). Il semble vain de chercher des limites précises à ces territoires qui désignaient un village dont l’extension a évolué au cours des siècles, mais dont le cœur semble avoir battu près de la station de métro Jourdain actuelle, à cheval sur le chemin de Paris, échappée nord-est de la capitale et future rue de Belleville. Domaine royal, la colline fit l’objet de donations, constituant progressivement des seigneuries plus ecclésiastiques que féodales, tandis que se formait progressivement un village d’affranchis. La Courtille, entre l’actuel boulevard de Belleville et la rue Saint-Maur, sera longtemps présentée distinctement de Belleville. Quant à Ménilmontant, il est généralement mentionné comme un hameau de Belleville. Forêt, champs, vignes, carrières, ruisseaux, il faut imaginer un Belleville très champêtre et très peu habité. Peut-être 5000 âmes à la fin du XVIIIe s.
Avec la construction des fortifs par Thiers vers 1840 qui, rasées, deviendront nos boulevards des Maréchaux et périphérique, l’annexion totale de Belleville à Paris est inévitable. Ce sera chose faîte en 1860 avec la création des neuf derniers arrondissements. Belleville est à nouveau démantelée. Une moitié dans le 19e arrondissement, l’autre dans le 20e. Un découpage habile qui tend à juguler les ardeurs révolutionnaires du quartier. La magouille électorale est vieille comme l’élection. Et comme si ce partage ne suffisait pas, pour respecter la règle des 4 quartiers par arrondissement parisien, le quart Est de la commune de Belleville est détaché pour être baptisé Saint-Fargeau.
Il faudra attendre la création des Conseils de quartier (2002), pour que Belleville retrouve une existence plus large, au moins dans le vocable administratif. Si le Conseil de Belleville perd ce qui constituait le cœur du village (un comble !), il réapparait dans les onzième (Belleville-Saint-Maur) et dix-neuvième arrondissements (Bas-Belleville). Modeste justice pour ce quartier que l’immobilier a failli rayer de la carte dans les années 90.
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(*) Bella villa super sabulum : Belleville sur Sablon
(**) Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut, Dictionnaire historique de la Ville de Paris et de ses environs, 1779.
(***) Voir Wikipédia, entrée Département de la Seine.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Les Belleville ». ytraynard.fr 2021 [En ligne]. Page consultée en 2021. <https://www.ytraynard.fr/2010/08/les-belleville/>