Août 282010
 

Ce matin, pour Paris Greeter(*), j’accompagnais deux jeunes femmes allemandes pour une visite de mon quartier. 9h30 pour un rendez-vous, c’était sans doute un peu trop tôt. A 9h, un coup de fil de Nina-Monique m’avertissait d’une panne d’oreiller qui retarderait notre visite. Avec les voyageurs ont ne sait jamais comment fixer un rendez-vous. Certains se lèvent aux aurores pour tout voir, ne rien rater de Paris durant leur séjour, d’autres au contraire préfèrent grappiller à leur rythme quelques ambiances parisiennes. Dis-moi comment tu voyages, je te dirais qui tu es !
Qu’importe ce petit contretemps. La balade a duré 3 heures dans la bonne humeur et s’est achevée, affamés, aux « Triplettes », encore un de ces restaurants juifs du boulevard de Belleville, convertis à la boboité qui gagne le quartier. Sans se connaître, mes deux Parisiennes d’un jour avaient effectué plusieurs mois de stage en France il y a quelques années, et s’étaient depuis, par un hasard extraordinaire, retrouvées voisines à Münster (la Rhénane, pas l’Alsacienne). Pour elles, ce voyage était un peu un pèlerinage.
Leur maîtrise du français était excellente, il fallait juste prendre soin d’expliquer des termes un peu rares ou des références socio-culturelles trop franco-françaises. L’évocation d’évènements historiques partagés dans la douleur (Sedan, 2e guerre mondiale, Shoah) comme notre expérience sociale européenne commune (préoccupations environnementales, gentrification, habitat social) sont porteuses d’échanges et caractérisent l’« humanité» de ces balades.
Par contre, la remise d’un don en espèces au moment des adieux a suscité chez moi un petit malaise. Ah le difficile rapport des Français à l’argent ! Le principe des Greeters est en effet le désintéressement. La visite est gratuite pour les participants, l’accompagnateur est bénévole. On n’est pas dans une euphémisation du rapport marchand, mais les dons sont bien utiles au fonctionnement de l’association. Peut-être qu’un petit flyer de Paris Greeter à remettre en fin de parcours donnerait tout son sens à ce geste généreux, tout en assurant la promotion de l’association et la déculpabilisation de l’accompagnateur.


(*) Parisien d’un jour