Nov 202008
 
Cette semaine est un temps fort pour les Associations et ONG pour proposer des pistes concrètes pour agir en citoyen solidaire. On vous invite ainsi, selon le programme du site(*) dédié à l’évènement, à :
  • promouvoir les droits de l’homme,
  • acheter équitable,
  • épargner et voyager solidaire,
  • respecter l’environnement,
  • s’engager comme volontaire de solidarité internationale,
  • devenir bénévole.
Pour moi les exemples fournis illustrent assez le concept de solidarité internationale dans l’entendement populaire pour cerner sa définition.
Si l’on s’accorde assez bien sur l’existence d’une dépendance mutuelle entre les êtres humains, existant à l’état naturel et due au besoin qu’ils ont les uns des autres(*), l’enfant vis à vis des adultes par exemple, c’est dans le glissement progressif vers le sentiment d’une responsabilité (je me sens responsable de mettre en œuvre cette solidarité), puis dans sa mise en acte (j’agis pour mettre en œuvre mon sentiment de solidarité) que se rétrécit comme peau de chagrin le champ de la solidarité lorsqu’on la qualifie d’internationale. C’est dans ce parcours que s’effectuent rarement consciemment toutes les orientations, tous les choix au gré des représentations fluctuantes du monde et de l’Autre.

Ainsi, en France aujourd’hui, la Solidarité doit être festive, démonstrative. Il doit y avoir buvette, costume et danses folkloriques. Elle doit être forcément à la fois anti-capitaliste et apolitique, regarder avec dégout l’argent, faire la promotion de valeurs jugées universelles (à la France). L’homme solidaire doit revêtir l’habit du saint. La Solidarité doit, comme dans le tourisme éthique, se parer de l’enchantement de l’Autre, porter impérativement sa rencontre. Victime d’un marketing efficace il doit faire pleurer et donner du plaisir, sur le champ.
Ce visage inquiétant de l’action solidaire fait de petits gestes, d’actions courtes, de satisfaction d’egos nie la substance autrement complexe du monde, les masses gigantesques du commerce mondial, le droit, les États, et le politique autour desquelles se joue l’essentiel de la solidarité réelle.

L’idée ici n’est pas de dénigrer ce mouvement de solidarité dans lequel je me reconnais, mais d’en fixer les limite pour les dépasser. Il y aurait tout intérêt à reprendre, à recoller les morceaux de ce puzzle hétéroclite dont l’intérêt est la prise de conscience du monde pour sortir d’une vision désenchantée, parfois manichéenne, reprendre goût à la modernité et tenter de fixer, avec l’ensemble du monde des programmes cohérents et réalistes d’échelle planétaire tel qu’on le fait au niveau national sous peine de continuer un catastrophique pilotage à vue.


(*) La semaine de la solidarité internationale, 15 au 23 novembre 2008.
(**) Solidarité dans l’excellent dictionnaire en ligne de l’ATLIF (voilà d’ailleurs un bel acte de solidarité – entre celui qui sait et celui qui veut savoir – que la mise à disposition d’un référentiel de langue !)
(***) OSI : Organisation de Solidarité Internationale.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « La semaine de la solidarité 2008 ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2008/11/la-semaine-de-la-solidarite-2008/>

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