Nov 032007
 

« Les habitants de la France doivent connaître et faire leur ce long passé d’immigration. » Ainsi s’achève le petit film qui décrit l’histoire de l’immigration disponible sur le site du musée. Cette conclusion résume la vocation de la Cité Nationale de l’Histoire de l’immigration ouverte le 10 octobre(*). Faire connaître et reconnaître l’apport de l’immigration en France à travers l’histoire des deux derniers siècles.
Mais parler d’un passé si proche, si intimement mêlé au présent en restant dans un cadre consensuel n’est pas simple. En pleine polémique sur les tests ADN, l’inauguration de la Cité sera boudée par les officiels y compris Brice Hortefeux, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement(**). Pourtant son président – désigné par Jacques Chirac – n’est autre que Jacques Toubon, pas vraiment connu pour être un activiste. Du reste la Cité n’a pas vocation à définir si les frontières doivent être ouvertes ou fermées, ni à quelle hauteur. Elle se veut, au-delà d’un musée sur le parcours et l’apport des immigrés à la France, un lieu d’échanges et de témoignages. La Cité comprend une exposition permanente, « Repères », qui met en perspective l’histoire collective et individuelle de deux siècles d’immigration en France. Au travers de documents d’archives, d’images, d’œuvres d’art, d’objets de la vie quotidienne et de témoignages visuels et sonores, cette exposition permanente souligne la part prise par les immigrés dans le développement économique, les évolutions sociales et la vie culturelle de la France. L’ensemble est dense, documenté, équilibré, simple, sans muséographie délirante, bref intelligent ; d’ailleurs un public de tous horizons s’y presse déjà en masse. Un seul exemple. Les remarquables panneaux suspendus dans l’entrée donnent une idée à la fois savante et claire des mouvements de population dans la durée et l’espace et tend d’emblée à remettre en cause et relativiser nos perceptions. Au-delà du projet muséal, ce lieu baptisé « Cité » plutôt que musée, « parce que ce terme donne un côté dynamique en établissant un lien entre le passé et le présent, une solidarité des mémoires »(***) se définit plutôt comme « forum citoyen »(****). Il refuse toute muséification d’un patrimoine immatériel qui serait celui de l’immigration. On ne peut qu’espérer que d’autres espaces s’ouvrent en France comme à l’étranger pour aborder sereinement les questions de société. A suivre évidemment dans le cadre de mon étude sur le tourisme au présent.



(*) Cité nationale de l’Histoire de l’immigration, Palais de la Porte Dorée. 293, avenue Daumesnil – 75012 Paris. Ouverture de la Cité : 10h à 17h30 du mardi au vendredi, de 10h à 19h le samedi et le dimanche.
(**) « La CNHI éclaire la politique actuelle », NOUVELOBS.COM, 10 octobre 2007.
(***) Gérard Noisiel cité dans Le Parisien, 10 octobre 2007.
(****) Bien plus qu’un musée, un forum citoyen, Libération, 10 octobre 2007.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Cité Nationale de l’Histoire de l’immigration ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2007/11/cite-nationale-de-lhistoire-de-limmigration/>

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