Juil 202010
 
En France, grands ou petits, les musées ferment au moins un jour par semaine. Et le Louvre, quoique premier musée au monde par sa fréquentation, ne fait pas exception. Une tradition bien française qu’ont peine à intégrer les habitués du British Museum, de la Tate Gallery, du Pergamon museum ou du Guggheim de Bilbao. Ainsi, chaque semaine apporte son lot de visiteurs recalés, le lundi à Versailles, le mardi au Centre Pompidou et au Louvre…
Ce mardi, malgré le sabbat muséal, nous étions quelques centaines de privilégiés à nous presser sous la pyramide de Peï. Par le truchement de sa fondation, la supermajor Total offrait une visite privée de l’exposition Routes d’Arabie à un public sélectionné parmi les exclus de la culture rassemblés par des associations(*). Moi-même, dans le cadre d’un bénévolat, je coaccompagnais un groupe de jeunes en lutte contre l’illettrisme. L’exposition est particulièrement riche pour la période antéislamique, la moins connue. Elle fait la part belle à la mode des routes (myrrhes, encens et ailleurs soie, café, épices…) qui correspond à notre lecture contemporaine du monde et à nos espérances, la mondialisation comme vecteur de paix, d’échanges et de richesses culturels. Un parti pris laissant à distance ce qu’était, par exemple, la vie agricole dans les oasis ou le désert. Malgré sa prétention archéologique, le Louvre nous offre d’abord une restitution de l’art des puissants. C’est déjà pas mal, si l’ont tient compte que l’archéologie, en Arabie, est une discipline récente. Dans la deuxième partie de l’exposition, une belle collection de stèles permet de lire l’évolution sur plusieurs siècles de l’écriture arabe en Arabie, tandis que l’Islam est évoqué par la présence de reliques en provenance de Médine et de La Mecque. L’histoire s’achève sur un portrait du souverain Abdelaziz, notre Ibn Saoud, quelques années avant que le pétrole ne bouleverse profondément l’Arabie Saoudite… et que Total n’y tisse des liens étroits.
L’après-midi, une guide épatante nous a conduit place de la Concorde à travers le jardin des Tuileries. Avec une grande générosité, notre cicerone a su intéresser son public à l’histoire de Paris, en adaptant son discours sans pour autant nier la complexité. Bravo donc à Josette qui a même réussi à introduire le Grand Paris en évoquant les enceintes successives de la capitale.

Paris, Place de la Concorde (c) Yves Traynard 2010

(*) Routes d’Arabie, Archéologie et histoire du royaume d’Arabie saoudite, Louvre, expositions thématiques du 14-07-2010 au 27-09-2010.