Jan 252008
 

Après l’épopée rocambolesque de l’Arche de Zoé, la multiplication des campagnes de plantation d’arbres pour lutter contre le réchauffement climatique illustre à nouveau que l’enfer est pavé de bonnes intentions. C’est ce que démontre Sylvain Angerand, chargé de campagne «Forêt» aux Amis de la Terre(*) dans un article publié ce soir(**).
Paradoxal ? Pas vraiment. Si le reboisement est certainement nécessaire, il doit se faire de manière cohérente à l’échelle de la planète, en accord avec les États et les populations locales. Il ne doit pas non plus être un prétexte pour relâcher la pression sur le déboisement illégal et le gaspillage de CO2.
Les prochaines années les entreprises continueront à surfer sur le thème du sauvetage de la planète (le durable, le responsable…) L’opinion publique devra probablement moins essayer de trier dans ces motivations plus ou moins honnêtes (image de marque, contraintes légales, pression citoyenne, intérêt économique…) que canaliser ce mouvement pour qu’il atteigne réellement le but visé. Du pain sur la planche (de bois) !


(*) Amis de la terre.
(**) Direct Soir n° 284 p.5. 25 janvier 2007. Extraits de l’article :

Vous estimez que ces campagnes prennent le problème à l’envers. Pourquoi ?
Aucun pays en développement n’a de politique de reboisement cohérente. C’est pourtant ce qu’il faudrait encourager en premier lieu. Si les besoins étaient définis, les ONG, les entreprises, les fondations pourraient répondre à leurs besoins. Plutôt que de planter à tout prix des arbres pour compenser nos émissions de gaz à effet de serre, nous pourrions financer des politiques de reboisement définies et validées par les populations locales.

Pourtant, ces opérations se multiplient. Quelle en est la raison ?
Symboliquement, planter un arbre c’est un acte écologique fort, et le mouvement prend de l’ampleur. Mais il y a des travers. Cette mode surfe sur le protocole de Kyoto et les mécanismes de développement propre, la compensation des émissions de CO2. Des entreprises ont donc, de leur propre initiative, monté des projets de plantations pour compenser les émissions de leurs activités.

Que leur reprochez-vous ?
Plus efficacement, nous pourrions réduire la pression sur les forêts, faire barrage aux spéculations sur les espaces forestiers. Car c’est cela la première menace avec le développement des cultures pour les agrocarburants. Et puis, une forêt naturelle, c’est un écosystème complexe, avec une flore et une faune en interaction. Dans ces campagnes, on se contente d’aligner des arbres, c’est de la monoculture sans vie. Enfin, planter des arbres dans les pays du Sud, c’est aussi le signe que l’on dépasse notre espace environnemental. Mais il est peut-être illégitime de mobiliser les terres de culture d’autres pays pour maintenir notre mode de vie. Dans les pays du Sud, les campagnes de plantation d’arbres se multiplient pour lutter contre le réchauffement climatique. Pourtant, les écologistes remettent en cause la pertinence de ses plantations.


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Le reboisement en question ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2008/01/le-reboisement-en-question/>

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