Fév 262008
 

Ouargla, Sud algérien, musée saharien (c) Yves Traynard 2000Deux ouvrages pour prendre conscience du poids de la pensée coloniale sur nos actes et nos modes de pensée. Les zoos humains trace une filiation de cette mentalité conquérante et supérieure depuis les honteuses exhibitions des expos coloniales et autres vénus hottentotes jusqu’à nos stades et reality-show contemporains. Le texte nous interpelle vivement. Qu’avons-nous déclenché en exposant impunément l’Autre comme spectacle entre nature, monuments et animaux ?
Dans Culture post-coloniale 1961-2006, le même Nicolas Bancel mais avec des collaborations différentes interroge d’autres prolongements. Dans l’article les paradigmes coloniaux de l’action humanitaire, Amina Yla remarque : « Loin de constituer une rupture ou même une tentative de rupture avec la vision coloniale passée, l’humanitaire entretient, voire renforce, les représentations de l’altérité. Il conforte une certaine vision de l’Autre, dans une croyance immuable dans la suprématie du modèle occidental justifiant ainsi son application au reste du monde, dans l’intérêt exclusif de ce même « Autre ». Pas de doute, l’Arche de Zoé n’est plus très loin !
Dans le tourisme ethnique : une reconquête symbolique ? Nicolas Bancel après avoir analysé non sans humour une douzaine de brochures d’agent de voyage se refuse de conclure à la toute primauté du colonialisme sur le tourisme tout en reconnaissant que « nombre de schèmes coloniaux sont à l’œuvre : premier contact avec des « terres vierges » et des populations immaculées, rapport asymétrique avec ces dernières, conquête symbolique d’espaces, position « héroïque » des visiteurs« . Si le colonialisme ne peut bien sûr tout expliquer, il est évident que les exemples choisis et les enquêtes terrains qu’analysent ces historiens et sociologues font réfléchir. Au lieu de nous déchirer sur le bien et le mal de la colonisation passée ne ferions nous pas mieux de tenter de sauver ce qui peut l’être en décolonisant les esprits ? Un travail qu’a entrepris le groupe de réflexion ACHAC où l’on retrouvera certaines plumes de ces deux livres audacieux(***).


(*) Culture post-coloniale 1961-2006 : Traces et mémoires coloniales en France, Pascal Blanchard, Nicolas Bancel en collaboration avec Sandrine Lemaire, Autrement.
(**) Zoos humains, de la vénus hottentote aux reality shows, La Découverte et Syros, Paris, 2002.
(***) Groupe de recherche ACHAC


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Cultures post-coloniales ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2008/02/cultures-post-coloniales/>

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