Mai 192008
 

Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008Excursion de 300 km toujours plus au sud le long de cette côte sauvage bordée par le désert infini. Et en Peugeot s’il vous plait, 504 break. La 504 en Afrique, c’est une longue histoire qui s’achève officiellement en 2005 au Nigeria, grand assembleur et consommateur de ce modèle(*).
A Hurghada, même les stations de taxis collectifs conservent l’appellation Peugeot mais prononcée « bijou » en arabe faute d’équivalent pour le P, le EU et le O. On appellerait ça une grossière erreur de marketing aujourd’hui et pourtant ça n’a pas empêché son succès ! Comme quoi la qualité d’un produit auprès d’un public exigeant peut faire la différence. Cette longue saga qui reste à écrire ne s’arrêtera pas de sitôt car ces merveilles de robustesse survivent grâce aux soins attentifs d’habiles mécaniciens locaux.
Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008Mais ce n’était pas pour faire du taxi que je me suis rendu successivement de la station de Peugeot al-Qadim dans le centre de Hurghada jusqu’à Peugeot al-Gedid la nouvelle gare routière des taxis collectifs(**). Je voulais voir Al-Quseir, la ville historique de cette côte occidentale de la mer Rouge, étape incontournable des pèlerins en route pour La Mecque avant les charters.
Al-Quseir, c’est l’anti-Hurghada. Un village tranquille, un petit port de pêche, deux hôtels modestes (Princess (roots) et al-Quseir assez joli), un café internet, quelques gargotes et beaucoup trop de boutiques de souvenirs pour nourrir son propriétaire. Trop rares sont ceux qui s’échappent des plages d’Hurghada le temps d’une excursion. Sans doute un bel endroit pour qui veut rester tranquille et se baigner tous les jours dans la mer Rouge. Des cafés endormis le long du port, posés sur la plage. Rien de grand. Quelques ruelles avec balcons de bois peints en vert ou bleu, façades chaulées, portes et fenêtres ouvragées.

Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008
Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008

Le restaurant Marianne sert même quelques crevettes et langoustes pour améliorer l’ordinaire. Le fort, que Napoléon a assiégé et remodelé, fait désormais office de musée de la ville. De la tour de guet on a une belle vue sur la petite baie. Al-Quseir tente une nouvelle jeunesse après ses mésaventures dans le phosphate. Elle s’essaie au tourisme de luxe avec deux resort à l’entrée de la ville : Radisson et Moevenpick, hautement sécurisés(**).
Pour rentrer, plus de Peugeot, mais un de ces microbus blancs qui ont conquis la planète pour le transport collectif. Peugeot a perdu là un marché gigantesque, battu par les firmes asiatiques Hyundaï et Toyota entre autres. Ces microbus de 15 passagers sont idéals pour les moyennes distances, mais au-delà de deux heures de trajet les bus sont nettement plus confortables. Il se sont également imposés en ville dans tous les pays en développement, palliant les carences des infrastructures publiques. Si leur souplesse est un plus ils ne sont pourtant guère adaptés au milieu urbain. Montée difficile, pas de place bagage, réajustement permanent des passagers au fil des étapes. On ne peut même pas se tenir debout, on doit ramper vers la sortie, faire lever les passagers occupant les strapontins, et on se tâche aux huisseries graisseuses… Il y aurait de quoi imaginer des modèles de même capacité mais plus humains !
Des check-points militaires ont été installés le long de la route. Il faut protéger les touristes de toute menace. Généralement le chauffeur ralentit, fait un geste de la main et poursuit sa route. Pas cette fois. Contrôle des papiers. Un quart des passagers est débarqué. Papiers pas en règle. Nous repartons sans eux. Des Egyptiens qui ne peuvent se déplacer librement dans leur propre pays, un comble… Plus loin, au sud de Safaga, un port en plein désert, un bateau charge une poussière fumante : phosphate. A Safaga – qui a supplanté al-Quseir – un bateau de croisière. La ville est l’accès le plus direct pour Louxor (120 km) pour une rapide excursion d’une journée.

Al-Quseir, (c) Yves Traynard 2008

(*) Adieu 504, on t’aimait bien, Jeune Afrique.com, 30 octobre 2005, Xavier Chimits.
(**) Compter 2h par trajet pour tenir compte des temps de remplissage des taxis. Départ au terminal Peugeot al-Gedid. 1€ l’aller simple.
(***) Hôtel al-Quseir. Bien tenu. La plus demeure de la ville, et la plus ancienne selon son gardien. Chambres anciennes avec vue sur la mer. 12 € la simple avec petit-déjeuner. 14 € la double sans petit-déjeuner. Il y a sans doute des possibilités de sortie en mer. A organiser sur place. Egalement hôtels Radisson et Moevenpick.