Mar 252008
 

Hurghada (c) Yves Traynard 2008
Hurghada (c) Yves Traynard 2008
Hurghada (c) Yves Traynard 2008

A Hurghada, je n’ai jamais été aussi près des lieux saints de l’Islam. L’Arabie commence juste en face, sur l’autre rive de la mer Rouge cette profonde entaille dans le désert qui sépare l’Afrique et l’Asie et communique avec l’Europe par le canal de Suez. Médine et La Mecque à quelques centaines de kilomètres au sud ne se livrent qu’aux musulmans dûment patentés dans le cadre d’un tourisme d’un genre particulier, le pèlerinage. Tourisme à part entière néanmoins puisqu’il met en oeuvre – comme à Lourdes, Bénarès et Meched – toutes les prestations classiques associées à cette industrie (transport, hébergement, restauration, visites, commerce de souvenirs…). Un tourisme religieux qui quoique sélectif n’en est pas moins fort rentable. Totalisant à peu près le même nombre de visiteurs internationaux que l’Arabie Saoudite (autour de 8 millions en 2004, mais avec une forte part de migrants pour cette dernière), l’Egypte moins regardante est ouverte à tous. Soleil, mer, niveau de vie et patrimoine pharaonique en font une destination majeure depuis des décennies(*). Une clientèle à 70% européenne, Italiens et Allemands en tête, suivis des Russes, Britanniques et Français(**).
En 2006, l’Egypte n’est qu’au 18ème rang des destinations préférées des Français, loin derrière le Maroc, la Tunisie et la Turquie. Avec 370 000 visiteurs elle se situe entre la Chine et la Thaïlande pour des séjours moyens de neuf nuitées. En comparaison l’Espagne avec neuf millions de visiteurs français reste largement en tête de nos destinations préférées. Les 2/3 des séjours Egypte sont vendus en forfait. Marmara est le leader de la destination, avec 74000 clients revendiqués, soit presque l’équivalent du score de Groupe Nouvelles Frontières, STI Voyages et Fram confondus. (***) Avec la fusion de TUI AG (dont Groupe NF) et de First Choice (dont Marmara) au printemps dernier pour former TUI Travel, l’Egypte comme bien d’autres destinations et les compagnies aériennes devront subir le dictat des politiques d’achat du nouveau géant mondial. L’équitable n’est pas à l’ordre du jour dans le vrai tourisme.
Le tourisme égyptien reste et restera donc un tourisme de masse, très stéréotypé. Contrairement à Louxor et au Caire, Hurghada n’a pas grand chose à offrir au voyageur individuel. Si l’on trouve quelques hôtels classiques, la plage publique est minable et il faut se rendre dans un club pour guère mieux, c’est à dire une piscine, des transats et un peu d’ombre ! Seule alternative à cette perspective que le voyageur indépendant souhaite généralement éviter, partir à bord d’un bateau pour plonger au large, admirer coraux et poissons multicolores. En ville des espaces parfaitement ségrégés accueillent les rares touristes qui s’aventurent hors des clubs pour quelques achats : papyrus, scarabées, encombrants narghilés (très en vogue), verroterie, tapis et cuivres, T-shirts et épices, en fait rien qui se fabrique ou ait la moindre filiation avec cette ville totalement récente et artificielle de Hurghada. Considérant en avoir assez vu, je quitte Hurghada cette nuit pour rejoindre Siwa, à l’autre extrémité du pays. Une longue route. 10 h de bus jusqu’à Alexandrie puis 9 h supplémentaires pour atteindre la petite oasis (****). L’avion n’aurait été d’aucun secours. Il faudrait enchaîner trois vols qui ne sont pas en correspondance directe !


(*) WTO, Tourism Market Trends, 2006 Edition.
(**) WTO, Tourism Market Trends, 2004 Edition-Middle East.
(***) L’Echo touristique. 28 septembre 2007.
(****) Hurghada-Alexandrie avec Upper Egypt, 9 €. Départ 19h30, près de la poste, arrivée 6h30. Alexandrie-Siwa avec West and Mid Delta du même terminal qu’UpperEgypt. 3€ via Marsa Matruh. Départ 8h30 arrivée 17h30.