Déc 052007
 
Kastanies, Poste frontière grec (c) Yves Traynard 2007Ce sera sans doute la seule séquence «aventure» de ce court voyage. Pour rejoindre la Grèce j’ai joué à saute-frontière entre Edirne et Salonique avec pour seul guide les recommandations éclairées de notre consul honoraire. L’étonnement des douaniers à la vue d’un piéton tirant sa valise-cabine en dit long sur la faible perméabilité de cette frontière. Bien qu’il n’existe que deux passages par voie de terre entre la Turquie et la Grèce (celui d’Edirne et celui d’Ipsala, 100 km au sud) j’étais le seul candidat a entamer ce jeu de patience et de randonnée.
Le top départ fut donné à Edirne à 9h. Trouver le dolmus qui se rend au poste de se Pazarkule représente déjà un bon échauffement. Heureusement j’avais pris mes marques la veille. Déposé au poste turc, en rase campagne, on a droit immédiatement à une longue séance de suspicion. Une barbe sur la photo, des visas afghan, algérien, syrien, libanais ne rassurent pas un douanier sur l’identité de qui déclare sans rire, être venu en Turquie en voyage organisé. Le chef appelé à la rescousse me sera favorable après m’avoir longuement dévisagé. Ensuite c’est la traversée à pied d’un petit no man’s land ombragé jusqu’au soldat grec en arme qui regarde en chien de faïence son homologue turc. Tout un symbole des États-Nations. On comprend que les photos soient interdites ! Mais le parcours de santé ne s’arrête pas là. 300 m supplémentaires sont nécessaires pour gagner le poste grec. En route on passe sous une voie ferrée, et les meilleurs jours comme aujourd’hui, un chien vous escorte ; grec ou turc allez savoir. Au poste grec toujours pas plus de clients alors qu’on pénètre dans l’Union Européenne comme dans un moulin à vent. Heureusement que les Turcs, candidats à l’adhésion, font du zèle ! Il faut ensuite parcourir 500 m toujours à pied pour rejoindre le centre du village de Kastanies. Mais il ne faut pas se croire arrivé pour autant, car comment sortir d’un village dont vous ne maitrisez pas la langue et dont les inscriptions ne vous évoquent au mieux que des équations mathématiques insolubles ? Ah, que le turc, avec son alphabet latin et ses mots empruntés au français parait familier vu de Grèce ! A Kastanies il ne vous reste plus qu’à exercer vos vagues souvenirs d’allemand (la lingua franca de la région) au kiosque avec le vieux marchand de bonbons qui visiblement n’a pas vraiment fait fortune en Allemagne. Elf hour ! Yawooool ! Si peu de germanophones dans les parages qu’on ne l’arrête plus le papy. Le billet de bus s’achète à la station service Aegean juste en face. Mais pour où le bus ? Orestiada, à 16 km. Et c’est encore loin de Thessalonique où j’ai prévu de faire étape cette nuit avant Athènes ? Un peu mon neveu, 600 km ! Mais il y a un train. Enfin il y avait, car à Orestiada la voie ferrée est en réfection et c’est en bus que je parcoure les 160 km qui nous sépare de la gare d’Alexandroupoli. De bourg en bourg de fières églises orthodoxes, drapeau grec au vent, ont remplacé les mosquées de la campagne turque. Les fêtes approchent. Comme chez nous des pères Noël escaladeurs – nouveaux nains de jardin – flottent au vent ! Lorsque le train se présente à Orestiada il est déja 15h30 ce qui n’offre qu’une heure de paysage méditerranéen avant la nuit. A Thessalonique il est 22h. Depuis Edirne j’ai parcouru 600 km en 13h… et la quête d’un hôtel ne fait que commencer.

PROGRAMME
Edirne –> Salonique
Dolmus jusqu’à la frontière (Pazarkule, 5 km d’Edirne, 1,5 YTL), traversée de la frontière à pied (300 m) jusqu’au poste grec puis au village de Kastanis (500 m). De là on gagne en bus la ville de Orestiada (bus de 11h, 16km, 1,40€) d’où partent les correspondances pour Alexandroupoli et Salonique (départ 13h13, 600km, 12,30€).
Hotel Augustos 25€.