Sep 172007
 

Vernissage de l’exposition Trésors photographiques de la Société de géographie qui se tient jusque mi-décembre à la BNF Richelieu(*).
La carte du monde connu en 1875 accrochée au vestibule est éloquente. Si les contours des continents sont bien établis, l’intérieur de l’Afrique, de l’Amérique latine, de l’Océanie, et des Pôles reste terra incognita et constitue le terrain de jeu des voyageurs et explorateurs de la Société de géographie créée dès 1821(**).
L’avènement de la photographie porte au public les premières images de régions et de peuples jusque-là ignorés et renouvelle l’imaginaire occidental de l’ailleurs et de l’Autre. Un regard qui modèle toujours notre vision de ces peuples et de ces contrées. Certains clichés ressemblent curieusement aux images de nos catalogues de voyage ; les conférences-projections de daguerréotypes sont l’ancêtre de nos soirées diapos. A une différence notable. A cette époque, le voyageur n’hésite pas à s’intéresser au présent. Dans la seconde moitié du XIXe siècle en Europe occidentale puis aux États-Unis, au Japon et dans le reste du monde, la révolution industrielle transforme radicalement les conditions de vie et de production. La photographie, produit de l’âge industriel, permet de rendre compte de cette nouvelle géographie économique. Témoin d’un monde en profonde mutation, le photographe n’est plus seulement ce voyageur amateur de pittoresque, mais peut être aussi partie prenante de cette modernité par son travail de documentation et sa mise en images des réalisations humaines. De nouvelles réalités apparaissent dans l’objectif du photographe, toute chose que fuit le voyageur contemporain. La passion de l’inventaire s’est muée en pèlerinage autour d’un catalogue figé de sites, et la photographie « carte postale ».


(*) Trésors photographiques de la Société de géographie, 18 septembre 2007 – 16 décembre 2007, BNF Richelieu. Sauf pour les fans de photographie, le site internet est assez riche pour dispenser de la visite.
(**) Le site de la Société de géographie qui programme de rares voyages mais où le présent tient encore sa place. voir aussi : Photographie et anthropologie en France au XIXe siècle, Pierre-Jérôme Jehel, Mémoire de DEA, “Esthétique, sciences et technologie des arts”, UFR “Arts, Philosophie et esthétique”, Université Paris VIII. Saint-Denis.