Sep 092007
 

« Cette concurrence ordinaire infeste les conversations post-vacancières et ne paraît lasser personne. Sa répétition la signale comme une sorte de combat rituel au terme duquel le «vrai» voyageur s’affirme quand il a « coincé » l’autre, dénonçant publiquement la superficialité de son voyage.
– Vous avez été à X ?
– Oui, oui.
– Alors vous avez vu cette charmante petite église sur la place du village ?
– Oui, bien sûr. Elle est très très belle. Mais elle était fermée.
– Vous ne saviez pas qu’il fallait demander la clé à cette adorable vieille femme qui habite à l’autre bout du pays ? Elle n’est là qu’en début d’après-midi (parce que le matin elle travaille à Z).

Non, à l’évidence celui-là ne le savait pas. […] Mais cela suffit pour terrasser l’adversaire et manifester une implacable différence qui repousse l’autre dans l’univers du faux… »


L’idiot du voyage : Histoires de touristes, Jean-Didier Urbain. 1993, p. 208.