Juil 082007
 

Lac Bratan, Temple (c) Yves Traynard 2007Bali c’est un peu comme la Corse. On se l’imagine aussi ronde et lisse qu’un galet, on est surpris d’y trouver des pics de 3000 m. Les randonneurs mal informés du GR20 le découvrent à leurs dépens. Bien sûr c’est une part du charme de ces îles. Gunung, la montagne, Gunung Api, la montagne de feu ; en Indonésie il n’y a guère de montagne sans volcan. Et on les adore ces volcans, au sens premier, pour mieux se les concilier comme on adore tous les dieux de la nature. Au lendemain de Kuningan les processions se poursuivent au temple de Pura Ulun Danu Bratan dédié à la déesse de l’eau pour qu’elle continue à remplir les canaux des rizières. Le site est grandiose, c’est la carte postale de Bali. Deux gracieux pavillons flottent sur l’eau claire du lac Bratan où se reflètent les pentes abruptes et noires du Gunung Catur chapeauté de son mystérieux panache de brume. Pour ce week-end prolongé la foule est indonésienne. Le tourisme de pèlerinage, très estompé en Europe – même Saint-Jacques de Compostelle se sécularise – constitue dans certains pays le but premier du voyage. En Iran Meched est la destination phare, la Mecque constituera souvent pour le Musulman la seule escapade loin de sa terre natale, comme Bénarès et le Gange pour beaucoup d’Hindous…
Mais les temps changent, partout et vite. A Bali, les Indonésiens viennent aussi (et surtout) goûter la fraîcheur du lac dans un oecuménisme bon teint. Les musulmanes en strict foulard côtoient les Balinaises cheveux au vent, épaules nues. Face au temple les cantines ambulantes sont halal ; l’usage immodéré de l’appareil photo numérique, du téléphone portable et de la moto réunit tout le monde. Pourvu que ça dure !
Un peu plus haut, le marché de Bedugul ne désemplit pas et c’est mérité. On y vend des épices (vanille, cannelle, clou de girofle, muscade, curcuma…) de toute fraîcheur. Le marchandage est serré car les vendeuses n’hésiteraient pas à vous vendre le poivre au prix de l’or. Y’aura néanmoins de la vanille pour tous les lecteurs de ce blog qui en feront la demande si les douanes de Singapour ne me la confisquent pas ! Le retour à Lovina par Singaraja en transports publics sera aussi sportif que l’aller(*). Les prix à la tête du client, qui triplent entre le matin et le soir, les mauvais conseilleurs qui vous déposent à un terminal qui se révèle être un trou moyennant finances bien sûr… A Bali ont se sent parfois l’offrande du sacrifice et c’est un peu vrai. Il faut bien payer tous ces temples et leur decorum. Dans les virages serrés des routes de montagne ces petites arnaques qui font serrer les dents chassent le mal au coeur mais hélas pas celui de ma voisine. Plastic bag, lepas !


(*) Trajets et tarifs normaux (payés par les Balinais). Lovina-Singaraja (terminal Banyuasri). Bemo bleu, fréquent. 20 mn. 0,3 €.
Terminal Banyuasri-Terminal Sukasada. 15 mn. 0,5 €. Bémo spéciaux. Également fréquents.
Terminal Sukasada-Bedugul. Minibus plus rares. Partent lorsque pleins. 1h30. 1€. Prévoir jusqu’à une heure d’attente. Possibilité d’emprunter ceux qui se rendent à Denpasar 1,5 €.