Mai 262007
 

Lac Toba, îlots (c) Yves Traynard 2007Je me pose une question en surveillant l’arrivée hypothétique de Myriam au passage des rares bateaux. Sommes-nous armés pour comprendre ce que nous voyons en voyage ? Qu’est-ce qui dans notre vécu (formation, information, expérience…) va nous permettre de décrypter ce que nous voyons, voire va aiguiser notre curiosité ? Dans le tourisme culturel classique – historique orienté patrimoine – l’affaire est assez simple. Nous faisons référence à nos leçons d’histoire d’autant plus simple si l’on est dans son propre pays. Ah l’Égypte et ses pyramides, Rome et son Colisée, la France et ses châteaux de la Loire. Comme généralement on a tout oublié depuis longtemps, les guides sont là pour vous rafraîchir la mémoire. Toutânkhamon et la 18e dynastie, les Combats de gladiateurs, François Ier et Chambord, mais oui bien sûr et ça nous parle et on a tout de suite l’air plus intelligent (les guides savent parfaitement jouer sur ce background pour motiver l’auditoire). On prendra quelques notes, beaucoup de photos qui nous rappelleront les vignettes de nos livres d’histoire… et curieusement c’est pas ce qu’on a vu dans la journée qui alimentera beaucoup les conversations des groupes sitôt remontés dans l’autobus mais bien plutôt les conditions du voyage, le comportement du voisin d’excursion, les gens que l’on a croisé, le tôlier de l’hôtel etc… Dîtes-moi si je me trompe ? L’histoire ancienne ne fait guère débat.
Dans un tourisme au présent c’est plus compliqué. Car ce tourisme là, par la variété des thèmes qu’il aborde fait référence à un ensemble vaste de connaissances : géographique, historique, économique, social, culturel, religieux… un savoir qui n’est pas figé puisqu’en mutation permanente en relation avec l’actualité. Difficile dans ce cas pour un guide de baser son exposé sur un socle de connaissances communes à son public sans revenir sur des préalables. Pour un pays en développement par ex.: qu’est-ce que la transition démographique, le PIB, l’IDH, l’aide au développement, le seuil de pauvreté, les formes de la dette… Il faut aussi dépasser les définitions ; il est important de donner des éléments de comparaison, comment tel pays a mis en oeuvre sa réforme agraire, le budget des États par ex… tout comme un historien d’art est capable d’émailler son propos de références à d’autres oeuvres, à d’autres champs de la connaissance…