Mar 122007
 

C’est la règle ; dans un festival, le meilleur doit côtoyer le pire. D’un commun accord avec André nous rangerons le documentaire Yapo(*) dans cette dernière catégorie. Yapo, le protagoniste, est directeur d’un monastère bouddhiste tibétain du Sikkim. La caméra du réalisateur s’acharne exclusivement à relever les menus détails pour livrer une image ridicule de cet homme pieux, âgé et convalescent. Rien ne nous est épargné : du ronflement aux pets, des petits crises d’autorité aux rires embarrassés de son personnel. Ce qui aurait pu faire l’objet d’une piètre fiction expérimentale et conceptuelle évoquant le rapport du sacré au profane, du religieux au séculier n’est qu’une vilenie quant il s’agit d’un documentaire. Lorsque le réalisateur nous dit avoir été accueilli sur recommandation au monastère on crie à la trahison. J’aimerais voir la réaction du moine lors de la projection, la semaine prochaine nous dit-on ! Alors qu’il y aurait tant de choses intelligentes à montrer quand on a la chance d’être introduit en confiance dans un monastère !
Faisant plus sens, le reste de ma sélection du jour résolument asiatique, présentait des facettes sombres du Vietnam et du Cambodge : mariage « arrangé » d’une jeune campagnarde avec un Singapourien, situation du sous-prolétariat des villes, incommunicabilité d’un artiste séropositif et enfants mutilés par des mines anti-personnelles. Mis en perspectives le documentaire sur le moine n’en parait que plus pitoyable.


Yapo, Jowan Le Besco, France, 80 min
Match made (Un bon mariage), Mirabelle Ang, Singapour, 48 min
Giac mo la cong nhan (Rêves d’ouvrières), Phuong Thao Tran, Viêt-nam, 58 min
Kien , Dao Thanh Thung, Viêt-nam, 37 min
Aki Ra’s Boys (Les Garçons d’Aki Ra), Lynn Lee et James Leong, Singapour, 56 min