Oct 232006
 

Feliz Ide ! (*) Fin de Carême désordonnée entre Indiens, Pakistanais, Libanais et Maliens qui respectent leurs traditions nationales et les Mozambicains divisés entre chiisme et confréries sunnites lorsqu’il s’agit d’égrener les heures et les lunes. Si vous rajoutez à ce désordre qu’une partie importante des Mozambicains musulmans de la capitale ne sont pas pratiquants et que l’Islam y est minoritaire, vous imaginerez que l’Aïd el-Fitr n’a rien de la joyeuse fête populaire et unitaire d’autres pays. Le Carême lui-même est imperceptible dans la plupart des quartiers de Maputo. Les magasins qui affichent ostensiblement sourates et images naïves de la Mecque au mur(**) ont parfois aménagé légèrement leurs horaires, mais même les restaurants qui se disent halal continuent à servir repas et même… alcool toute la journée ! (***) Nul achat de dernière minute la veille de l’Aïd, pas d’embouteillage comme à Damas ou Alger(****). Non, calme plat. Si on rajoute la diversité ethnique et linguistique le dénominateur commun de la nation mozambicaine se limite à un territoire légué par le colon et le partage d’une histoire récente et douloureuse. Il ne me sera pas donné d’être à Maputo en décembre mais je me demande à quoi peut ressembler Noël ici. Le Mozambique est un des rares États réellement laïc. En l’absence de religion majoritaire aucune fête religieuse n’est fériée, pas de computation. Même le 25 décembre – seule réminiscence d’une fête chrétienne – a été rebaptisée fête de… la famille. Une piste sérieuse pour les nations appelées à se métisser.


(*) Heureux Aïd. J’aime la profonde latinité de ce mozambicanisme «feliz ide» d’un SMS de Zacarias parce qu’il renvoie inconsciemment aux Ides de l’antique Rome.
(**) A Maputo une grande partie de la distribution est aux mains de Musulmans d’origine étrangère.
(***) C’est le cas – minoritaire – du restaurant Surf par exemple.
(****) Lire à ce propos l’intéressant reportage d’une livraison du 8 octobre du magazine Jeune Afrique qui compare les Ramadan du Maghreb. Après Géo, le Monde revient quant à lui sur les nuits oranaises en période de Carême. Je sens que ma visite à Oran se précise !