Juin 222006
 

Dans le feu de mon agression, j’ai écrit une phrase qui a fait réagir. « Je refuse pour autant de me culpabiliser sur une quelconque imprudence. Le coupable c’est l’insécurité, les mafias du vol…». Elle mérite explications et sans doute n’était-elle pas claire parce que rédigée sous le coup de l’émotion. Bien loin de moi l’idée de vouloir jouer avec le feu. Oui, on peut toujours être plus prudent, oui sans sac je n’aurais peut-être pas été la cible d’une agression, il faut peut-être ne plus aller à la plage seul… et me voilà prévenu et je ferais plus attention bien évidemment. Je voulais simplement mettre l’accent sur la responsabilité première et entière de l’agresseur par opposition à l’agressé.
Il faut en effet ne pas renverser la faute. Lors d’atteinte aux libertés (d’expression, de circulation, économique…) doit-on blâmer le journaliste trop curieux ou son assassin ? La femme violée ou son violeur ? Le commerçant ambitieux qui monte une affaire ou son concurrent qui le fait dégommer ? En enfermant la victime dans sa propre culpabilité c’est l’agresseur qui se trouve disculpé. C’est à ce principe que je m’opposais bien maladroitement. A Maputo on n’a pas à faire à des petits pickpockets des rues, Robin des bois contemporains qui voleraient les riches pour donner aux pauvres. Ceux qui volent des voitures à main armée, détroussent les passants à l’arme blanche, dévalisent les appartements, assassinent les journalistes trop curieux font partie de réseaux mafieux de contrebande, de recèle, de corruption. Ils sont une insulte aux plus pauvres des Mozambicains, qui dans leur immense majorité vivent dans une honnêteté scrupuleuse et survivent avec presque rien dans la dignité et le respect des inégalités pourtant difficilement acceptables. Ces réseaux doivent être poursuivis et condamnés avec fermeté pour que disparaisse le climat d’insécurité avant qu’il ne devienne un véritable frein au développement du pays. Les dirigeants mozambicains devraient tout mettre en œuvre pour que l’Etat reprenne le monopole de la violence qui lui revient et assure son rôle fondamental de sécurité de ses citoyens. Mais hélas les plus hautes instances semblent contaminées. Les enquêtes traînent, les dossiers disparaissent, les agresseurs même enfin condamnés s’échappent mystérieusement de leur prison… Les Mozambicains régulièrement agressés ont fini par baisser les bras face à l’inaction de la justice et au risque de représailles. La misère est certes un phénomène aggravant mais on connaît des pays plus pauvres qui échappent à ce phénomène et d’autres bien plus riches gangrenés par les mafias et la corruption.