Juin 182006
 

Pris pour la première fois un chapa, minibus blanc faisant office de transport urbain, direction la Costa do Sol, la longue plage de Maputo au nord de la ville. Le temps est clair, l’ombre fraîche, le soleil chaud. Une belle journée à 25°. J’embarque mon Canon dans un sac ; une météo idéale pour la photo. Je visite le « village des pêcheurs ». Mais il est trop tôt pour me choisir un poisson au marché et le faire griller dans les gargottes situées derrière les étals comme il est de coutume ici. En attendant, pour me délasser, je vais découvrir la plage. Des équipes jouent au foot. Je croise une cérémonie de baptême. Une femme à genou, de l’eau jusqu’au bassin, un prêtre debout psalmodie. Quelques proches reprennent en chœur sur la plage. Sans doute une de ces nombreuses sectes chrétiennes qui font recette en Afrique de l’Est. Quelques enfants barbotent. L’eau est peu profonde et relativement claire mais ici c’est l’hiver et on ne se baigne pas en hiver même si l’eau est à 22°C ! Je me dis que c’est bien dommage et que la semaine prochaine je ne m’encombrerais ni de bagage ni de principe lorsque j’entends quelqu’un courir derrière moi sur le sable. J’ai juste le temps de réaliser que je suis un peu isolé (un pêcheur à 50 m dans l’eau) qu’il me barre le chemin. Je devine de suite son noir dessein. Il me parle nerveusement. Je réponds maladroitement «Não falo portugues». Il insiste «money !» je fais celui qui ne comprend pas et essaye de passer. Il se met en travers de mon chemin. Ca se gâte ! Je continue de faire calmement l’idiot. Je répète «je ne parle pas portugais, je suis français» Cette fois-ci il soulève son T-shirt et me montre un poignard à sa ceinture. Pour éviter qu’il ne le sorte je lui glisse vite ma petite liasse de méticais toute prête. Ca semble le calmer ; je continue à marcher mais cette fois il veut mon sac «bag, bag !». Je lui parle en français cette fois et lui dit que je ne comprends pas. En même temps j’évalue rapidement le danger. Il est seul, il n’a qu’un poignard qu’il n’a pas encore dégainé. Mes jambes sont plus longues que les siennes, il y a du monde un peu plus loin, l’avenida da Marginal très fréquentée, est à 25 m en surplomb et il a déjà une trentaine d’euros en poche. Je pars brutalement en courant en direction des baptistes puis rejoins la route. Il n’insiste pas mais il a un complice sur la route qui tente de me suivre alléché par la promesse du sac que je ne veux pas lâcher. J’arrête le premier chapa venu qui me ramène dans mon quartier. En route j’ouvre mon sac et je me dis que je m’en suis bien tiré. Outre l’appareil photo il contenait mon Nokia, mes clefs et mon PDA. Bon on ne va ouvrir une cellule psychologique pour si peu. Je pense à E noque. C’est la vie ici et je dois me féliciter que cette leçon m’ait coûté si peu cher. Je refuse pour autant de me culpabiliser sur une quelconque imprudence. Le coupable c’est l’insécurité, les mafias du vol… mais je dois reconnaître que c’est bien frustrant de ne pouvoir apprécier cette belle ville en toute liberté comme j’aime le faire. Les photos se feront rares sur ce site tant que je ne me serais pas fait d’amis pour visiter. A plusieurs et sans voiture le risque diminue grandement. La douce Syrie me manque.